Us veut dire nous en anglais. Cela pourrait autant être l’acronyme d’ « United States » (Etats-Unis). Car si ce « nous » est l’ennemi principal dans le 2e film de Jordan Peele, et si, convenons-en, Us n’a pas la force politique de Get Out, il n’en demeure pas moins fort en symboles, en référence et en riche en degré de lecture.
On peut voir dans Us un film d’horreur méthodique et soigné, millimétré, reprenant les codes qui ont fait le succès des meilleurs slashers : une famille en vacances, une invasion domestique, un ennemi sadique… Le mythe du double en plus.
Là où Get Out lorgnait sur le fantastique, Us se veut plus religieux, tendance ésotérique. Riche visuellement, les clins d’œil au cinéma d’horreur populaire sont nombreux. Il y a autant du Craven que du Carpenter dans ce nouvel essai de Jordan Peele.
Mais Us suit les traces de Get Out sur sa vision horrifique et allégorique des États-Unis. Cette fois, il ne s’agit pas de parler du conflit racial américain. D’ailleurs, les protagonistes principaux ne sont jamais stigmatisés en tant que protagonistes afro-américains mais davantage pour leur appartenance à une classe moyenne aisée, qui scrute et compare la réussite sociale de ses amis (ici, le couple Tyler incarné par Elisabeth Moss et Tim Heidecker). Us évoque la peur de l’autre, le repli sur soir. Même si elle manque de subtilité, la réplique « Nous sommes américains » lancée dans une des scènes marquantes du film en témoigne. Jordan Peele, avec ses monstres de fête foraine, dépeint la fin d’un rêve américain et l’effroi de sa bourgeoisie face à son propre individualisme. Un bel essai.