Il est quand même fort ce Jordan Peele. C’est seulement son deuxième film après « Get Out » et pourtant on voit déjà se dégager de ses deux œuvres les marques saillantes d’un auteur aussi cohérent qu’efficace dans sa démarche. Il ne suffit que de quelques minutes à cet « Us » pour imposer tout de suite ces évidences. Aucune image n’apparait anodine, aucun effet n’est surappuyé. L’impact du son, de la musique et du pouvoir iconique de certaines images apparaissent comme totalement maitrisés. Jordan Peele sait exactement ce qu’il fait, où il va et il entend bien nous le montrer. Et même si cet « Us » sait se démarquer de son prédécesseur en termes d’atmosphère, de personnages et d’intrigues, il nourrit malgré tout de nombreux points communs avec « Get Out ». Plongée progressive et habile dans un monde d’angoisse. Equilibre astucieux entre moments de tensions et personnages risibles qui viennent jouer leur rôle de désamorceur. Art consommé d’un mystère à entretenir puis à résoudre. Et je trouve même qu’on retrouve aussi dans cet « Us » une étrange énergie positive. Comme dans « Get Out » – et contrairement à la plupart des films de ce genre – les héros ne se contentent pas simplement de subir afin que le film puisse se dérouler. Au contraire, ils prennent rapidement l’initiative et participent à une sorte de défouloir dans lequel le spectateur peut se projeter… Mais bon, au-delà de toutes ces qualités, pour moi ce qui fait vraiment la force d’un film de Jordan Peele – et cet « Us » est venu confirmer ce qu’on avait déjà pu voir dans « Get Out » – c’est cette remarquable capacité à construire toute son intrigue en une gigantesque métaphore sociale, parvenant à mettre des sensations sur ce qui, pour beaucoup, ne restent que des idées