Moi aussi je suis emballé. Je n’étais pas chaud au départ. Le sujet sérieux, et son traitement dessin animé. Cela fait longtemps que ce n’est plus mon genre de prédilection, le dessin animé. Mais je reconnais qu’il m’a eut, et bien eut. Cette animation un peu pauvre, grosso modo, droit au but, des contrastes clair-obscur basiques. Ça imprime bien dans la tête, on a tendance à planer comme dans un rêve en couleurs. La caméra plane comme dans un rêve, et le cauchemar n’est pas loin. Une histoire chargée à tous points de vue. La guerre et le souvenir. Le héros a tout oublié à part un détail. Les chiens. 26 chiens enragés qui le poursuivent dans son rêve. Superbe introduction. Il veut à tout prix se rappeler du reste, mais son cerveau refuse de l’aider. Il a dû faire des trucs vraiment dégueulasses dans cette guerre, pour que sa mémoire bugge comme ça. Il interroge tout le monde, des anciens frères d’armes, des journalistes, une psy, et peu à peu, ça revient…Une remontée implacable dans le passé. Du sang, du fun. Audacieux. Original.
La brutalité des situations, est adoucie à cause du traitement par le dessin, très simple, avare en détails inutiles, les couleurs claires, le rythme léger genre blockbuster, et des anecdotes franchement comiques, qui tombent comme une grenade. Elles font mouche, absurdes, dans l’horreur absolue de la guerre civile. Folman refuse le pathos, préfère l’action dramatique et l’Entertainment à l’américaine, car parfois mieux vaut rire que pleurer. Le dessin animé lui sert pour prendre une distance salvatrice, car c’est très, trop autobiographique, se serait trop vulgaire, trop pathos, avec un côté onirique qui nous endort, pour mieux nous pénétrer la tête. Un cauchemar récurrent, tel est le vrai moteur du truc. Dans un film de fiction avec de vrais acteurs, se serait « spectaculaire », ici, la vision est tentaculaire, comme dans un cauchemar qui n’en finit pas. On voit ceux qui ont étés lâches, héroïques, ou stupides, ou les trois à la fois. Le titre est bien choisit, mais c’est une valse triste. Valse avec la mort. Avec une fin accablante sur les responsabilités des uns et des autres. Le héros a fait un truc terrible durant cette guerre…Et il ne s’en rappelle pas, tout simplement parce qu’il l’a fait sans s’en rendre compte, complice. Un maillon dans une chaîne… A voir.
Cette couleur jaune d’or. Une lumière blême, dorée, comme le crépuscule ou les fusées éclairantes, qui font qu’on voit comme en plein jour dans la nuit noire. Quand on comprend enfin la vraie signification, on voit ce qu’elle cachait, l’immontrable. Et la fin ne laisse aucun doute sur la véracité des faits. Réquisitoire fort, divertissant, dans le sens noble, et implacable à la fois. Une vraie prise de position politique, comme on n’en voit pas souvent ces jours-ci.