5,75/10
Après le magistral Nightcrawler, qui en faisait l'un des réalisateurs les plus en vue du moment, Gilroy avait un peu déçu avec un pastiche de Lumet sans grande envergure, mais digne et tout à fait regardable. Rien ne laissait présager une catastrophe comme Velvet Buzzsaw, dont on se demande parfois comment des idées aussi banales et stupides ont pu traverser l'esprit d'un homme que l'on croyait si capable, l'argument « il est là où on ne l'attend pas, dans le premier degré presque nanardesque plutôt que dans la déconstruction hyper-intellecualisée » ne méritant à mon avis même pas qu'on y réponde tant cela serait décevant.
Finalement, le film utilise le surnaturel comme un prétexte à une horreur sans codes, pouvant donc prendre n'importe quelle forme pourvu qu'elle ne soit pas inventive ni effrayante. Son background est honteux, ses enjeux vains - s'ils existent, ils vont à l'encontre de la peinture à peu près correcte du monde de l'art contemporain proposée par ailleurs. Les quelques performances agréables (celle de Gyllenhaal en tête bien sûr), la représentation spirituelle d'une corruption universelle, sont très très loin d'apporter une compensation suffisante à tous ces errements et satisfont bien trop rarement et peu pour donner une raison valable de perdre une heure 50 de son temps quand tant d'autres films méritent plus d'attention - mais assez peu de Netflix Originals, c'est vrai. Tenter de reproduire le succès de Sans un bruit ne réussit pas à la boîte, même en débauchant Beltrami, mais ce n'est pas étonnant quand l'argent et la renommée comptent plus que l'art.
Le parallèle est si saisissant qu'on pourrait être ironiquement tenté de voir dans Velvet Buzzsaw la métaphore de la relation de Netflix aux films exposés dans ses galeries interminables et sans relief ! Et le pire ? Une telle lecture a peut-être une part de vérité...