Nous sommes en 1988. La franchise Vendredi 13 poursuit avec bonhommie son exploitation avec ce septième épisode en sept ans : Vendredi 13, chapitre VII : Un nouveau défi. Après trois épisodes de bons et loyaux services, le survivant Tommy Jarvis tire enfin sa révérence (certainement épuisé par son changement systématique de trombine) pour laisser sa place à une nouvelle héroïne, Tina (interprétée par la tout à fait mignonne Lar Park-Lincoln, qui a par ailleurs le bon goût de faire moins gourgandine que les héroïnes habituelles de la franchise). Tina qui n’est, pour une fois, pas juste une ado normale…


Eh oui, si Vendredi 13 avait embrassé le fantastique dans l’épisode précédent en ressuscitant son antagoniste vedette, ce septième opus y plonge sans retenue, puisque non content de ressusciter de nouveau Jason (ce sera désormais la coutume), il lui oppose carrément une ado aux pouvoirs télékinésiques (gros doute sur la bonne orthographe de ce mot – mes excuses aux experts en la matière). Rien que ça. Jusque-là habitué à victimiser des jeunes (de 17 à 77 ans), Jason se voit maintenant faire face à une fille au moins aussi cheatée que lui. Diable. L’affaire se corse pour le p’tit Jacky.


Et là, ce Vendredi 13 m’a vachement fait penser au Phenomena d’Argento sorti trois ans plus tôt. Pour sa jolie héroïne soumise à un pouvoir puissant et mystérieux qu’elle ne maîtrise pas, évidemment, mais aussi pour sa musique (que le taulier Harry Manfredini co-signe pour la première fois depuis le début de la franchise, avec Fred Mollin), dont les sonorités sont par moments complètement argentiennes (un néologisme que ne reconnaît pas mon correcteur orthographique – invraisemblable, dans quel monde vivons-nous, je vous le demande). Le film d’Argento (très bien, au passage) aurait-il inspiré les cerveaux derrière ce Vendredi 13 ? Je n’en serais pas étonné.


M’enfin du coup, le film est plutôt sympa à suivre. Alors certes, il ne s’émancipe pas des poncifs de la franchise (en fait du genre), comme la bande de jeunes fêtards (ici toutefois relégués au second plan au profit de son héroïne identifiée, comme il est de bon ton depuis maintenant trois films) plus cons que la moyenne, mais dans le délire, c’est bien celui qui accouche du meilleur résultat de la franchise. Moins ouvertement golmon que son prédécesseur (et que ses trois successeurs), plutôt propre, assez sanglant et implacable dans ses mises à mort, le film s’avère finalement la bonne surprise de ce deuxième âge de la franchise.


D’autant plus qu’il présente sans conteste ce qui reste à ce jour la meilleure apparence de Jason de la franchise. Ici interprété par l’imposant Kane Hodder (qui sera le premier à reprendre le rôle ensuite, alors que jusqu’ici, l’interprète de Jason changeait, pour diverses raisons, à chaque épisode), Jason, désormais un zombie (toujours colossal), présente son aspect le plus crado de toute la licence (reboot compris) : picoré par les poissons pendant quelques mois, les dents du côté gauche et la colonne vertébrale apparentes, les os saillants de tous côtés et une chaîne de métal autour du coup, le personnage est plus classe que jamais. C’est vraiment le Jason Voorhees que j’aime.


A noter enfin que pour la première fois de la franchise, l’héroïne a affaire à un vrai antagoniste, outre le contractuel Jason. Antagoniste ici interprété par un Terry Kiser absolument détestable et donc impeccable dans ce rôle de thérapeute bien salopard (qui m’a évoqué le Anthony Heald du Silence des Agneaux comme le Richard Burton de l’Exorciste 2). Un ajout ma foi bienvenu et qui permet d’étoffer un peu l’intrigue en la couplant avec un vrai arc scénaristique pour l’héroïne. C’est pas de trop dans cette franchise.


Bref, ce Vendredi 13, chapitre VII : Un nouveau défi est en ce qui me concerne l’épisode qui se rapproche le plus d’un vrai film. Un nouveau souffle autant qu’un nouveau défi, donc.


Souffle qui retombera hélas dès l’épisode suivant – arf ! Considérant certainement que Jason avait désormais fait le tour de sa drôle de vie à Crystal Lake, les cerveaux de la prod décideront alors de l’envoyer… à Manhattan. Il n’y rencontrera pas Woody Allen.

ServalReturns
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le 18 avr. 2020

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