Veteran
6.8
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Film de Ryoo Seung-Wan (2015)

L’année dernière le Festival du Film Coréen à Paris avait diffusé la comédie policière Hard Day. Un excellent film qui met en scène un flic corrompu et sa rédemption amenée par un concours de circonstances. La corruption des forces de l’ordre est un thème récurrent dans le cinéma coréen. On le retrouve dans cette 10e édition avec VETERAN, autre comédie policière et immense succès en Corée (12 millions d'entrées), qui ouvrait le festival ce mardi 27 octobre 2015. Un film a mourir de rire et intelligent dans son discours. Si Hard Day partait d’un policier amoral pour aller vers le droit chemin, VETERAN montre au contraire d’un personnage « bon » mais qui évolue dans un monde corrompu et défaillant.


Seo Do-cheol est un inspecteur de la vieille école, un vétéran comme on dit. Le genre de flic qu’on ne peut pas corrompre et qui n’use de méthodes musclées que sur les vrais criminels. Si son équipe agit dans la même optique, le reste des forces de l’ordre n’est pas aussi parfait. Seo Do-cheol s’en rendra compte lorsque le jeune millionnaire, Jo Tae-oh, se retrouve impliqué dans l’agression d’un ami de Seo. Ce dernier décide de tout faire pour que justice soit rendue mais se voit alors confronté à la corruption des hauts fonctionnaires et à la main mise des plus riches sur les institutions du pays.


Tout commence avec Heart of Glass chanté par Blondie pour accompagner une femme vulgaire en survet rose agrippée à un homme en costard, aussi prétentieux que misogyne, durant un court plan séquence caméra à l’épaule à la manière de Martin Scorsese. Ryoo Seung-wan, le réalisateur, annonce la couleur. Il veut avant tout se faire plaisir avec une réalisation totalement assumée, et c’est ainsi qu’il parvient à nous conquérir.
On comprendra bien vite que


ce « couple » est en réalité composé de deux agents, en planque pour démanteler un trafic de voitures.


Des policiers qui ont tout de serial loosers tant ils semblent ne rien contrôler des événements. A l’image de Seo Do-cheol, obligé d’arrêter à lui seul une poignée de truands pendant que ses collègues, passés faire le plein dans une station service, se font attendre. A peine quelques minutes et de grands rires se font déjà entendre dans la salle du Cinéma Publicis devant l’énormité de la chose. Car avec VETERAN, il y a une exagération volontaire des personnages, mêlée à une forme de réalisme, comme les coréens savent si bien le faire. Ce qui rend le film hilarant, sans pour autant tomber dans un grand n’importe quoi avec une succession de gags.


De même qu’avec Hard Day, il s’agit ici avant tout d’un comique de situation. Comme ce


malfaiteur, à pied et essoufflé après une course interminable, rattrapé par l’inspecteur en voiture qui lui demande calmement de se rendre pour simplifier la vie de tout le monde.


Comme ce Ces policiers sont loin d’être des super-héros infaillibles Au contraire, c’est même plutôt la chance qui leur sourit en général. On s’amuse de les voir se jeter tels des morts-de-faim sur n’importe qui et faire des accessoires du quotidien des armes improvisées pour se défendre. Un style venu directement des comédies burlesques chinoises de Jackie Chan où se mêlent si bien humour et action.


Bien qu’il apparaisse comme un pur divertissement parfaitement maîtrisé pour captiver le spectateur, VETERAN n’en est pas léger pour autant. On y retrouve des thèmes forts et une critique appuyée de la société coréenne. On l’a dit, il est bien sûr question de la corruption importante dans le pays, mais également des différentes classes sociales. Ryoo Seung-wan oppose des riches, monstres amoraux, dont le pouvoir leur permet d’outrepasser les lois, et la classe populaire qui subit pauvreté et humiliations. Des travailleurs honnêtes dotés de principes, dont Seo Do-cheol fait évidemment partie. En cela VETERAN confirme le regard si pertinent du cinéma coréen sur la société et permet au Festival du Film Coréen à Paris de démarrer sur une très bonne note.


Chroniqué dans le cadre de l'édition 2015 du Festival du Film Coréen à Paris
critique par Pierre, pour le Blog du Cinéma

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le 28 oct. 2015

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