Une seule scène m'avait marqué dans le Frost/Nixon de Howard, celle où un spectateur de l'interview déclare qu'elle lui inspirerait le désir de voter pour l'ex-Président alors que le journaliste tentait d'en obtenir un portrait à charge. Devant Vice, je me fais la même réflexion : pour un film satirique réalisé par un démocrate (et un vrai démocrate, soutien actif de Sanders), il donne de Cheney une interprétation assez positive, le dépeignant comme un homme intelligent et énergique, pire, parfois humain. Certes un manipulateur cynique, enfin c'est le minimum syndical pour un politicien républicain vu et montré par un démocrate. Ce qui dit le mieux que Vice est satirique, c'est le casting, et plus précisément le choix du casting, une brochette de stars dont beaucoup d'habitués aux rôles comiques, et dont on se doute bien qu'ils n'ont aucune envie de ménager Bush, Rumsfeld ou Cheney. Pour l'humour, je n'ai souri que devant deux trouvailles (un menu de restaurant et la fin anticipée), ce qui est tout de même étonnamment peu... De sorte que je ne comprends pas comment le projet évident de McKay s'est mué dans ce résultat-là, plus documentaire que satirique, et encore, trop partialement documentaire pour que l'on s'y fie réellement. Peut-être justement parce qu'il s'est perdu dans le besoin de raconter la vie de Cheney (d'ailleurs très banale), ou parce que l'idée de faire un film sur ce sujet l'intéressait plus que le traitement du sujet lui-même... J'en ai vu beaucoup saluer l'engagement de Vice, dont le réalisateur doit lui-même être très fier, attaquer les Républicains pendant qu'un Républicain est au pouvoir, c'est comme s'attaquer sournoisement à Trump, cela doit le faire jubiler. Mais tout ce qui en ressort, c'est que le gouvernement a manipulé les faits et les loi pour lancer une guerre en Iraq qui serait favorable à ses intérêts économiques, et a indirectement provoqué l'émergence de Daesh. C'est tout, et franchement, 17 ans après le 11 septembre, 14 ans après Fahrenheit 9/11, 10 ans après le W. d'Oliver Stone, n'égratiner la présidence Bush que là-dessus est assez pathétique. Un film qui n'a d'intérêt que vaguement documentaire et dans son dynamisme, mais pas plus humoristique que politique.