Euh ok, c'était bizarre. Je sais que le thème de prédilection de Cronenberg c'est le corps humain et sa dégradation, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi poussé dans Vidéodrome.


Le personnage principal tombe par hasard sur Vidéodrome, une émission illégale qui diffuse des scènes violentes (tortures, meurtres...). Il devient rapidement obsédé par ces images, au point de commencer à développer une sorte d'attirance sexuelle envers la technologie : il y a le coup du magnétoscope et de la cassette qui palpite, mais la scène qui restera dans les mémoires est très certainement celle où le héros caresse sa télé de la même manière qu'il caresserait une femme, avant de plonger sa tête dans l'écran, comme si c'était une paire de seins. Aussi fascinant que dérangeant.


Et cette phrase résume un peu tout le film en fait. Le personnage principal perd rapidement pied avec le réel, ce qui fait qu'on suit un genre de délire halluciné pendant une heure et demi, sans jamais savoir si on est dans un rêve, dans une émission de télé ou dans la réalité. La réalisation va bien évidemment renforcer ce sentiment, en proposant beaucoup de changement de décors d'un plan à l'autre ainsi que des mises en abyme régulières. Bien que le résultat soit assez obscur et se prête beaucoup à l'analyse, le fil conducteur du scénario reste toujours visible, prenant soin d'orienter le spectateur le plus perdu.


Je ne pense pas que Vidéodrome soit un film qui se raconte, c'est un film à vivre. Cronenberg s’interroge sur le rapport au réel et expose les travers d'une démocratisation excessive des images. Il prolongera d'ailleurs sa réflexion dans eXistenZ, sorti quelques années plus tard.

MemoryCard64
8
Écrit par

Créée

le 15 déc. 2015

Critique lue 481 fois

3 j'aime

MemoryCard64

Écrit par

Critique lue 481 fois

3

D'autres avis sur Vidéodrome

Vidéodrome
Sergent_Pepper
8

Can’t tie a thrill.

Face à la cohorte de navets formatés au possible que propose le cinéma d’épouvante, Cronenberg propose, dans son début de carrière, un parcours singulier et – enfin – digne d’intérêt. L’intrigue de...

le 23 nov. 2016

114 j'aime

11

Vidéodrome
real_folk_blues
4

Video killed the radio stars (air connu)

Très 80's, sombre, organique, étouffant, kafkaïen. Cronenberg pour sûr sait ce qu'il fait de sa caméra. Jusque là tout va bien. Mais quel est l'enjeu? La télé c'est la fin du monde? Attention les...

le 24 mai 2011

71 j'aime

13

Vidéodrome
Velvetman
9

Videodrome

Des années ont passé, mais cela n’a eu aucune incidence sur la force graphique et thématique de l’œuvre de Cronenberg. La technologie évolue, et dans les années 1980, l’instrument télévisuel prend de...

le 17 févr. 2014

44 j'aime

2

Du même critique

Les Malheurs de Sophie
MemoryCard64
5

Le plus grand damage control de 2016 ?

Les Malheurs de Sophie fait partie des quelques romans qui m'ont donné le goût de la lecture plus jeune. J'ai donc un attachement tout particulier pour cette histoire et l'attendais au tournant...

le 27 avr. 2016

13 j'aime

2

T'aime
MemoryCard64
1

T'aime T'aime et nanar

"Gontieeeeeeeer ! Hé ! GONTIEEEEEEEEEER ! Gontier c'est à toi qu'je parle ! Comme tes avocats ont décidé que j'pouvais voir ma fille que demain et qu'c'est ce soir... qu'j'ai envie lui dire que je...

le 26 oct. 2016

10 j'aime

4