Euh ok, c'était bizarre. Je sais que le thème de prédilection de Cronenberg c'est le corps humain et sa dégradation, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi poussé dans Vidéodrome.
Le personnage principal tombe par hasard sur Vidéodrome, une émission illégale qui diffuse des scènes violentes (tortures, meurtres...). Il devient rapidement obsédé par ces images, au point de commencer à développer une sorte d'attirance sexuelle envers la technologie : il y a le coup du magnétoscope et de la cassette qui palpite, mais la scène qui restera dans les mémoires est très certainement celle où le héros caresse sa télé de la même manière qu'il caresserait une femme, avant de plonger sa tête dans l'écran, comme si c'était une paire de seins. Aussi fascinant que dérangeant.
Et cette phrase résume un peu tout le film en fait. Le personnage principal perd rapidement pied avec le réel, ce qui fait qu'on suit un genre de délire halluciné pendant une heure et demi, sans jamais savoir si on est dans un rêve, dans une émission de télé ou dans la réalité. La réalisation va bien évidemment renforcer ce sentiment, en proposant beaucoup de changement de décors d'un plan à l'autre ainsi que des mises en abyme régulières. Bien que le résultat soit assez obscur et se prête beaucoup à l'analyse, le fil conducteur du scénario reste toujours visible, prenant soin d'orienter le spectateur le plus perdu.
Je ne pense pas que Vidéodrome soit un film qui se raconte, c'est un film à vivre. Cronenberg s’interroge sur le rapport au réel et expose les travers d'une démocratisation excessive des images. Il prolongera d'ailleurs sa réflexion dans eXistenZ, sorti quelques années plus tard.