David, tu es complètement givré. Mais, comme beaucoup, je suis entrée pleinement dans ton délire - n'y comprenant pas tout, il faut bien l'admettre - et j'en ai retiré beaucoup de plaisir. Un plaisir fasciné, hypnotique, à l'image de l'histoire que tu nous sers dont j'ignore si, un jour, je viendrai à bout des inépuisables richesses.


De quoi nous parle ce Vidéodrome ? Du pouvoir des images, de sexe et de fantasmes, de psychanalyse, de la fixation de l'oeil qui s'attarde malgré lui sur l'horreur, sur la difficulté de s'extraire de la fiction pour regagner le réel. A grands renforts d'effets spéciaux - parfois peu ragoûtants mais toujours indéniablement géniaux - tu nous pousses dans nos retranchements de spectateurs voyeurs, tu creuses dans notre psyché, pulvérises le surmoi pour nous faire toucher du doigt le ça, et tout ce que nous nous refusons à admettre - nos déviants penchants potentiels, notre amoralité possible.


J'ai savouré l'ambiance délicieusement eighties de ce film, ses couleurs et ses décors rétro, ce grain typique de la pellicule, les coiffures et le maquillage des femmes, les cigarettes fumées à la télévision, les vieux téléphones...


J'ai aussi pensé que Vidéodrome était l'oeuvre d'un homme qui a peur des femmes. Peur de leurs capacités de séduction, de leurs instincts dévorants, de leur infernal appétit à plaire et à appâter - qui font de l'homme une proie docile, facile, passive, se laissant lentement digérer par leurs rêveries fantasmatiques. L'homme devenu homme-objet, pour une fois.


Filant une fantastique réflexion sur les pouvoirs des écrans, sur la frontière ténue qui existe entre notre réalité et celle que contribuent à construire les images qui assiègent notre rétine, Vidéodrome est une oeuvre intense, étrange, et surtout : immensément riche dans la profondeur de ses analyses.


Sans oublier l'atmosphère menaçante, renforcée par ces basses sourdes et incessantes qui accompagnent les allées et venues de Max Renn, perdu dans les méandres de son psychisme atteint, malade de ses songes, enfermé en somme dans sa tête qui délire dans les grandes largeurs.


Un surréaliste trip sous acide - dont le niveau de langue soutenu, la qualité des remarques, la multiplicité des pistes, nécessiteront, sans nul doute, un autre visionnage.

BrunePlatine
8
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le 30 juin 2016

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