Adaptation du roman d'Elvira Dones, Vierge sous serment est un film qui demande de la patience et finit par nous séduire par son propos. C'est la première réalisation de Laura Bispuri, elle est tombée sous le charme de cette histoire, de cette tradition ancestrale Albanaise et du personnage interprété par Alba Rohrwacher, encore une fois lumineuse.
Hana (Alba Rohrwacher) a grandi dans un village d'Albanie avec Lila (Flonja Kodheli). En tant que femme, elle n'a aucun droit et pour avoir un semblant de liberté, elle va se plier à une tradition ancestrale : elle fait le serment de rester vierge à jamais et de vivre comme un homme. En grandissant, elle se retrouve seule et décide de rejoindre Lila en Italie.
Les débuts sont douloureux, la caméra de Laura Bispuri part dans tout les sens, elle donne le mal de mer, ce n'est pas très rassurant pour la suite. On suit Alba Rohrwacher, nous sommes entourés par des montagnes enneigées. On ne peut définir l'année, ni le pays, on ressent juste la solitude de cette jeune femme. Grâce aux flash-back, on va mieux comprendre sa situation, mais surtout qui elle est vraiment.
Doucement, l'histoire se met en place. On cerne mieux les liens entre Alba Rohrwacher et Flonja Kodheli, des raisons qui ont poussé chacune d'elle à quitter l'Albanie pour l'Italie. On est comme la fille de cette dernière, Jonida (Emily Ferratello), dont le comportement et les questions dérangent sa famille et cette inconnue. Hanna ou Mark ? Cousin ou frère ? Homme ou femme ? Selon son serment, il ne peut y avoir de questionnement sur son identité. Mais en grandissant, en quittant son village où le temps s'est arrêté, elle semble remettre en question son serment.
Alba Rohrwacher porte en elle une fragilité. Elle est perceptible dans son regard, dans sa façon de se mouvoir dans des vêtements trop larges pour son physique frêle. Elle est à la recherche de son identité et semble renaître dans ce pays "moderne". Une jeune femme devenue un homme, pour échapper à sa condition de femme soumise et avoir un semblant de liberté. Dans son village, les traditions ont la vie dure, l'homme a tout les droits, alors que la femme reste au foyer, à s'occuper des tâches ménagères.
En changeant de pays, elle découvre une nouvelle culture et une certaine liberté, réveillant en elle la femme qui sommeille. Son physique androgyne; une sorte de croisement entre Tilda Swinton et Miles Teller; ne trompe pas vraiment les gens. Sa féminité reste perceptible, tout se passe surtout dans sa tête. En se réappropriant son identité, elle vit une renaissance. Elle retrouve un nouveau souffle et on respire avec elle.
Le parcours est difficile pour le spectateur, malgré la beauté des montagnes Albanaise. On peut sombrer devant la longueur des débuts et l'absence de dialogues. On finit par s'attacher à cette femme, grâce à la performance de Alba Rohrwacher, encore une fois impressionnante, comme dans Hungry Hearts. Elle aime les rôles difficiles dans des histoires complexes, où elle peut exprimer tout son talent.
Une première réalisation non dénuée de défauts, mais grâce à un sujet original et un casting féminin brillant, on se passionne pour cette histoire. Cela manque tout de même de profondeur, de paysages italiens et de soleil.