Quand Beat Takeshi passe derrière la caméra...

Dans les années 1980, Takeshi Kitano était surtout connu du public japonais comme l'animateur comique par excellence, et qui avait un duo humoristique dans des spectacles qui firent fureur. Comment imaginer que cet acteur alors peu connu accoucha d'une si grande réussite ?
Au départ, Violent cop devait être réalisé par Kinji Fukasaku, avec Kitano en acteur principal, mais quand le premier tomba malade, Beat Takeshi se proposa de reprendre le film en mains, alors qu'il n'avait jamais été réalisateur !
C'est donc dans un apprentissage total, ce qui explique sans doute la timidité des mouvements de caméra, que Takeshi Kitano se fit la main au jour le jour, et qui sonne au fond comme un hommage à son ainé.


Kitano joue le rôle principal, celui d'un flic anticonformiste au possible, solitaire, et n'hésitant pas à donner du coup de poing. Il y a cette scène formidable où des adolescents battent à mort un Sdf, puis Kitano va trouver l'adresse du chef, chez sa mère. Alors, il toque à sa chambre, et le met à le tabasser à son tour !
C'est toute la folie de ce personnage, qu'on ne quitte quasiment jamais, qui fait le sel de ce film passionnant, qui représente quelque part des valeurs à l'ancienne, difficilement compatibles avec la police de la fin des années 1980.
On le suit ainsi distribuer des baffes magistrales à des dealers, dans une enquête où il veut venger son meilleur ami ainsi que sa soeur, par des yakuzas.


C'est très violent, et il y a aussi une certaine forme d'humour noir qui s'en dégage, comme les multiples allers-retours qu'il fait devant ses supérieurs, qui n'en peuvent plus de ses méthodes expéditives, ou par les multiples baffes qui ne déplairaient pas à un Obélix. Car c'est souvent grossier, dans le sens over the top, comme la course-poursuite entre un flic et un voyou, où ce dernier semble courir des kilomètres, sans jamais s'arrêter ; ça finira d'ailleurs mal pour lui...


C'est vraiment passionnant tout le long, mais il faut prévenir que le flic que joue Kitano est complètement amoral, et va jusqu'au bout pour obtenir ce qu'il veut, quitte à tabasser son associé qui se met en travers de son chemin. Quelque part, c'est un peu le Harry Calahan japonais, bien que les bruit de ses pétoires ne vaut pas un Magnum.
C'est aussi l'occasion de voir Tokyo dans les années 1980 très bien filmé, sans papiers par terre, et une intrigue qui va jusqu'au bout de la folie qui anime le personnage de Kitano, mais au fond réellement gênant pour la police.


Pour un galop d'essai, on peut dire que c'est prometteur pour la carrière de Takeshi Kitano.

Boubakar
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le 24 sept. 2017

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Boubakar

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