"Vivarium" est un film avec un postulat de départ qui est intéressant mais qui semble long, très long, car finalement, je n'irais pas jusqu'à écrire qu'il ne se passe absolument rien mais il ne se passe pas grand chose quand même...
Certes, on peut y voir une ”foule” de métaphores sur notre société puisque tout y passe, et pour avoir lu plusieurs de ses interviews, c'était bien l'intention du réalisateur. Le bien immobilier (la maison de préférence individuelle) dans un lotissement sans âme, la bouffe toute prête, l’absence de contact avec les voisins (qu’on ne voit d’ailleurs jamais), un gosse aussi imbuvable qu’ingrat vis à vis duquel l’unique consigne est de l’élever, l’homme qui se tue à la tâche et creuse littéralement sa tombe (caricature vitriolée du rôle attribué au père de famille très souvent absent du foyer car ”prisonnier” d’un job auquel il s’accroche dans l’espoir d’un avenir meilleur). La femme, elle, qui finit par se résigner à son rôle de mère.
Je ne veux pas en dévoiler ”plus” mais s’il est évident qu’il s’agit d’une vision très sombre de ce que notre société a tendance à devenir (matérialisme et consumérisme) avec des métaphores cyniques à revendre, volontairement poussées à l’extrême, le côté ”fantastique” avec l’arrivée de l’enfant vient un peu tout, sinon gâcher, du moins perturber l'ensemble, car l’histoire m’a donné l’impression de jouer alors sur deux tableaux sans en développer vraiment aucun.
Certains n’ont exprimé leur "explication" du film que sous le trait purement philosophique (et surréaliste) du consumérisme. D’autres y ont vu du Cioran, y ont vu du fantastique dans le style des séries comme ”The Twilight Zone” ou ”Le Prisonnier”. On peut penser aussi au film "The Truman Show". Quant aux décors, ils font penser aux tableaux ”L’Empire des lumières”, une série de toiles de René Magritte. Pour l'anecdote, l’une des scènes du film ”L'Exorciste” de 1973 s’était également inspirée de ses toiles.
On ne sait pas trop quoi penser. Il suffit de lire les avis et commentaires des spectateurs (pas que SC) qui sont parfois aux antipodes pour avoir la preuve que l’interprétation de ce qui nous est montré peut être bien différente.
Malgré une intention estimable, une interprétation honnête et un travail au niveau des décors à saluer (tout a été pratiquement réalisé en studio avec trois maisons au total) "Vivarium" est un film qui ne fera pas partie de ceux dont je me souviendrai longtemps.