Peur sur la bile.
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Si Akira Kurosawa est surtout connu aujourd’hui pour ses films mettant en scène le Japon des samouraïs — Ran, Le Château de l’araignée, Les Sept Samouraïs, Kagemusha, Yojimbo, … — il faut aussi rappeler la puissance de l’autre pendant de son œuvre, son cinéma plus social, dont Vivre dans la peur, aussi appelé Chronique d’un être vivant, est sans doute le représentant le plus injustement ignoré, le plus recommandable.
Préparé en même temps que Les Sept samouraïs, il met en scène les deux acteurs fétiches de Kurosawa, Takashi Shimura et surtout Toshirō Mifune, maquillé à n’en être plus reconnaissable. Le film raconte le traumatisme des Japonais dix ans après Hiroshima et Nagasaki (traumatisme qui sera à nouveau le sujet de Rhapsodie en août), par le prisme d’un riche industriel (Mifune) que sa famille veut placer sous tutelle de peur qu’il ne dépense toute sa/leur fortune pour trouver refuge au Brésil. Un médiateur (Shimura) est engagé pour gérer ce conflit d’intérêts en déterminant si cette peur de la bombe A est ou non irrationnelle, dans une société où tous les Japonais disent la partager, sans s’en préoccuper aussi activement.
Pourtant, la peur très actuelle du nucléaire sert surtout de prétexte à une étude humaine des rapports
humains d’une rare profondeur et beauté, même dans l’œuvre de Kurosawa, où le spectateur est constamment émerveillé de la compréhension de l’autre à laquelle appelle le cinéaste.
Je dis aussi ici toute mon admiration pour le cinéma de Kurosawa : http://vonguru.fr/2016/05/29/cleek-claques-realisateurs-preferes/
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Créée
le 20 août 2017
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