Les américains parlent aux américains

Le mérite principal de voyage au bout de l'enfer, c'est de constituer une analyse à chaud juste et durable du conflit vietnamien aux Etats-Unis.
Une vision lucide et éclairante sur une guerre qui aura marqué au fer rouge la jeunesse US des années 70, et qui 40 ans après reste d'actualité. Aucun grand événement de son Histoire, même le 11 novembre n'a pu être analysé avec une telle vérité au cinéma seulement 3 ans après les faits en comparaison.
Ainsi, en croisant le destin d'un groupe d'amis d'une bourgade américaine dont certains partent à l'autre bout du monde pour un combat contre le communisme, on nous donne les ficelles du traumatisme :
- L'incompréhension de ceux qui restent devant le mutisme de ceux qui reviennent.
- Le pourquoi de ce silence gêné des vétérans devant l'ignorance des civils en regard des horreurs vécus dans la jungle, quand on arrive à en revenir, et du problème du retour à une vie normale avec ces images en tête (hallucinante roulette russe donc).
- Les raisons de l'échec militaire, la sous-estimation du décalage culturel pour imposer une idéologie géo-politique inadaptée.
- Les séquelles morales, physiques et finalement sociétales, point de rupture et probablement seconde énorme erreur gouvernementale dans la jeune histoire de ce pays après le repli sur soit en début du XXème siècle.
Pour nous autres, non américain, ce film se met donc aussi à notre portée pour nous montrer ce qui s'est passé dans ce conflit.
Ceci dit, le film souffre d'abord de sa durée, à grands coups de grosses longueurs silencieuses, ou de scènes soit métaphorique à l'overdose, soit totalement superflues. Et de son montage approximatif, avec films d'archives insérés à la truelle par manque de moyens ou encore raccords en aveugle.