Il en va de ces films que l'on nous promet comme des chefs d’œuvres intemporels, dont on nous fait surement trop attendre et qui, lorsque l'on ne fait pas partie de la génération touchée par le choc qu'à pu produire un tel film à sa sortie, forcément, déçoivent.
Loin, voire même très loin d'être mauvais, Voyage Au Bout De L'Enfer (auquel on préférera le titre original The Deer Hunter) est un des rares films sur le Vietnam non engagé dans un message politique visant à critiquer ce que fut cette guerre.
Des trois parties qui divisent le film on retiendra surtout la première, magistrale et tout bonnement magnifique, dans laquelle Cimino, avec une grâce rare et une simplicité désarmante, nous dévoile l'avant, le pendant et l'après d'une cérémonie de mariage où se mêlent portrait sublime d'une Amérique de la classe ouvrière, et de potes et collègues.
Grâce à l'interprétation admirable de tous les comédiens (De Niro, bien sûr, en tête, Walken, le toujours looser Cazale et le génial George Dzundza) les personnages prennent très rapidement une vraie profondeur et on s'attache très rapidement à cette bande de potes, drôle et bourrine.
Mais, sans transition aucune, Cimino nous balance vite dans l'horreur avec une plongée, courte mais extrêmement efficace, dans la guerre. Si la partie au Vietnam est la moins longue du film, elle reste pourtant le centre autour de laquelle tout converge.
On ne peut bien sûr pas manquer la scène de la roulette russe, devenue mythique qui, presque quarante ans après sa réalisation, n'a rien perdu de son pouvoir angoissant et difficilement soutenable.
Mais c'est dans la troisième partie que, selon moi, tout se perd.
Si De Niro reste impérial, le scénario, un peu fragile et parfois et décevant


La mort, par exemple, du personnage de Walken, resté plusieurs années à jouer à la roulette russe au Vietnam mais qui évidemment meurt le soir même ou son ami vient lui rendre visite, et cette fin, manquant de finesse et peinant à mettre véritablement fin au film (image flashback à l'appui, prouvant l'incapacité de Cimino à dire à ses spectateurs "Voyez ? Là c'est fini").


Par un patriotisme touchant, honnête mais un peu déroutant, Michael Cimino vient clôturer cette fresque magnifique, dont les trois heures passent à toute vitesse, portée par des acteurs merveilleux, dont on préférera se rappeler les parties de chasse aux paysages et à la musique troublants de beauté, les danses arrosées des lors du mariage et la tension atroce des scènes au Vietnam plutôt qu'une troisième partie un peu décevante.

Charles Dubois

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