Concert d'images resplendissantes Voyage of Time reste une expérience de cinéma particulièrement mémorable, dans la droite lignée des précédents films de son auteur. Si depuis The Tree of Life Terrence Malick construit une Oeuvre à la gloire du Beau, moins discursive qu'essentiellement méditative sa radicalité formelle n'a jamais été aussi prononcée qu'avec cet écrin cinématographique peu conforme à nos habitudes et au diktat de l'entertainment.


Le réalisateur, débarrassé des canons narratifs traditionnels ( scénario en trois actes, noeud dramatique majeur, déclaration de l'objectif...) livre un morceau de cinéma dont le seul, unique et légitime enjeu réside dans sa propre contemplation ; conscient de sa beauté, sans doute même auto-suffisant Voyage of Time nous immerge 90 minutes durant dans un enchaînement de plans imposant les règles du Cinéma de demain. Narré sous la forme du cycle, au gré de la voix de Cate Blanchett psalmodiant des lieux communs parcimonieux, répétés comme autant de mantras larvés sur eux-mêmes cet objet plastique stupéfiant nous épargne les balourdises coutumières du Cinéma contemporain telles que les canevas scénaristiques alambiqués et/ou explicatifs...


Voyage of Time assume intégralement sa prétention à sublimer les innombrables espaces filmés, au risque de sembler vide, vain et vaniteux. La clé du film de Terrence Malick, certainement décelable dans la ténuité redoutable de son récit, demeure moins dans une vue de détail que dans une vue d'ensemble : en naissant et mourant à chaque instant devant nos yeux la beauté malickienne se tient peut-être là, maintenant, dans le moment présent de sa projection.


Tout est instant et rien ne dure : Voyage of Time pulse, respire et circule au travers des nouvelles merveilles du Monde sublimées par le réalisateur. Si d'autres artistes se sont déjà essayés au Cinéma purement contemplatif et peu verbeux ( on pense parfois à la trilogie des Qatsi de Godfrey Reggio ou aux films de Ron Fricke au regard de Voyage of Time ) Terrence Malick livre ici un film d'une remarquable modernité technique, plongeant dans les feux terrestres et les nimbes océaniques avec une grâce incomparable à toute autre. Difficile de savoir ce qui a été fabriqué numériquement ou simplement filmé, tant la définition atteint là une perfectibilité sidérante. Le film s'avèrera salutaire pour tous les spectateurs avides d'inexpliqué... Une oeuvre à intégrer, maturer et digérer. Grand et beau.

stebbins
9
Écrit par

Créée

le 5 mai 2017

Critique lue 338 fois

6 j'aime

2 commentaires

stebbins

Écrit par

Critique lue 338 fois

6
2

D'autres avis sur Voyage of Time - Au fil de la vie

Voyage of Time - Au fil de la vie
meggysawyer
10

L'arc en ciel contemplatif d'une vie protéenne.

Très forte impression. Brûlure de volupté. Réconciliation avec le temps, surtout. Je suis peinée de constater des annotations médiocres, des 1, comment ça 1 ? Je trouve ça totalement injustifié, cela...

le 4 mai 2017

26 j'aime

3

Voyage of Time - Au fil de la vie
SanFelice
8

Love binds us together

Tout d’abord, le film est classé ici (et ailleurs) comme un “documentaire” mais, honnêtement, je ne vois pas de différence fondamentale avec les trois films précédents de Malick. Voyage of time est...

le 12 août 2020

20 j'aime

6

Voyage of Time - Au fil de la vie
yhi
8

Critique de Voyage of Time - Au fil de la vie par yhi

Dans The tree of life, bouleversée lorsqu'elle apprend la mort de son enfant, la mère jouée par Jessica Chastain en venait à s'interroger sur l'existence d'une puissance supérieure qui aurait pu lui...

Par

le 5 mai 2017

20 j'aime

6

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5