Wanted est un film d'action burné. Wanted est l'adaptation du comics du même nom écrit par le talentueux et irrévérencieux Mark Millar. Mais surtout, Wanted est un échec.
On le sait, la transposition d'une oeuvre d'un medium à un autre est un exercice risqué, Alan Moore en a fait les frais à répétition au point d'exiger que son nom ne soit plus crédité lorsque l'on décide de se frotter à ses travaux.
Mais même lorsque l'on décide d'adapter fidèlement et amoureusement une BD à l'écran, parfois ça ne suffit pas. Gans, pour son Crying Freeman, avait été jusqu'à la transposition au cadrage près de quelques scènes du manga, scènes qui fonctionnaient sur le papier mais qui se vautraient lamentablement à l'écran.
Wanted réussit à se planter doublement en terme d'adaptation. Après un début qui évoque l'ambiance de la BD, assez rock'n roll dans l'âme, captant de très très loin les relents anarcopunk de Millar en les édulcorant, le film hésite et finalement choisi une toute autre voie, qui le confine à l'échec. Là où Millar donne dans un nihilisme jouissif, le film donne dans la justification, la moralisation, tente même d'aborder des questions metaphysique de level 1 à peine digne d'être abordée dans un bar en fin de soirée alors que vous pataugez une flaque de vodka renversée et que trois de vos amis ont déjà sombré dans le coma.
J'ai rarement vu une adaptation de BD poignarder aussi franchement l'oeuvre d'origine, tout en n'ayant pas la force de l'assumer directement.
D'autant plus que Millar, outre son propos général, proposait, lui, une réflexion sur le medium comics valide et assez fine, qui justifiait la présence des clichés du genre au sein des pages, opposant l'hyperviolence du comics contemporain à la droiture morale des comics du Golden Age.
Du coup, lorsqu'on a droit à une scène d'ouverture qui vous crache à la gueule des effets à la sous-Matrix 3, vous vous dites naivement que le réalisateur a eu l'intelligence de transposer ce débat à l'écran, qu'il va justifier cette avalanche de clichés poussifs d'une façon ou d'une autre (en vous disant déjà que quand même, ça faisait sens dans la BD, mais à l'écran, ça marche moins bien). Sauf qu'au bout d'un moment, vous comprenez que le réalisateur utilise ces clichés au premier degré, qu'il n'a pas une once de distance critique, et qu'il n'a à l'évidence pas compris la BD, ou pas les capacités d'écriture et de mise en scène pour l'adapter intelligemment.
Alors vous ravalez votre frustration et vous vous contentez de ce qu'il y a au menu : un film d'action poussif qui a dix ans de retard, un croisement loupé entre Matrix et Fight Club sur vague fond d'un scénario de BD lue en diagonale.
La scène d'action finale réussit presque à vous mettre une demi molle (malgré le ridicule du plan d'attaque!), puis retour à la moralisation à la petite semaine avec une des mort les plus grotesque jamais posé à l'écran (ceux qui ont vu le film savent), et un épilogue convenue qui achève d'enterrer le film.
Mais vous aurez vu les fesses d'Angelina Jolie, au moins...