Never compromise. Not even in the face of Armageddon.

À chaque fois que je me replonge dans ce film, c’est un véritable bonheur. Certes, le matériel de base d’Alan Moore est déjà purement fantastique en soit, mais cette adaptation de Snyder lui rend parfaitement justice tout en restant dans l4univers propre de son réalisateur. Cet univers dystopique uchronique, qui pourrait presque passer pour de l’anticipation, est une merveille de bout en bout. Le spectre de la Guerre froide est bien sûr très présent, et on pourrait presque croire que tout espoir est perdu, qu’il n’y a rien à faire. Que ce soit au travers du spectre de Rorschach, complètement désabusé, ou du Dr. Manhattan, complètement déconnecté de la réalité ; ou bien en suivant l’évolution de la relation entre le Hibou et le Spectre Soyeux, tout deux marqués par leur passé ; tout tourne finalement autour du Comédien qui a résolu la plus grande blague.

Cela donne ainsi un film noir où, si l’enquête et sa résolution dans le pure style dystopique, ne sont jamais bien loin, il reste encore de l’espace pour développer les personnages. Et si on peut finir par croire qu’il y a trop de circonvolutions, chaque détail est essentiel pour réunir les personnages pour le grand final, et qui reste sans doute le meilleur passage du film. La paix au prix de l’Holocauste, un paradoxe si fondamental que les questions de morales soulevées n’ont pas de réponses définitives. Il en résulte une histoire prenante, divertissante, qui amène à réfléchir et qui adapte parfaitement le chef d’œuvre de Moore. Et le plus surprenant, c’est que cette histoire reste encore de nos jours plus d’actualité que jamais. Ce qui confirme que c’est également une œuvre d’anticipation majeure.

Le casting sera à mon sens le seul léger point faible du film. Ce n’est pas mauvais en soit, c’est même très correct dans l’ensemble. Aucun ne sort vraiment du lot, et chacun aura même droit à sa scène pour briller. Après, chacun aura sans doute sa préférence, mais on voit surtout que les acteurs ont appris à habiter leurs personnages dans le sens où se seront les personnages qui nous parlent le plus qui seront les mieux interprétés. Ah si, petite mention spéciale quand même pour les acteurs de l’État-major de Nixon, qui sont parfaitement en plein cliché que ça en est jouissif.

Quant à l’aspect technique… C’est une merveille une nouvelle fois. Alors certes, on peut reprocher le choix des musiques de la bande son, mais pour ma part, elles sont toutes parfaitement intégrées à l’intrigue et l’univers en général. Outre ce générique fantastique, les autres seront également au rendez-vous. Et ce film nous montrait déjà que Tyler Bates est LE compositeur à choisir quand on veut avoir un film mélanger bande originale et bande son, le mariage est ici formidable. Les décors et les effets spéciaux seront d’excellentes factures, mais ça sera surtout la patte Snyder qui fera de ce film un régal visuel, n’hésitant pas à se montrer gore lors de certains passages. Mais ce qui ressort, c’est que tonton Zack a réussit parfaitement à retranscrire cet univers visuel tout en y laissant sa marque de fabrique, et le mariage fonctionne à merveille. Ça se joue parfois sur de petits détails, c’est parfois même risible ou ça va pomper ses inspirations sans même s’en cacher ; mais ça fonctionne et c’est ça l’important.

Watchmen : Les Gardiens n’est peut-être pas le meilleur film de super-héros, mais c’est indéniablement une des meilleures adaptations de comicbook, si ce n’est la meilleure, et ce qui en fait donc plus un film de comicbook qu’un film de super-héros. Et le fan que je suis ne peut que s’en régaler et prendre son plaisir.