Une bonne surprise. Si le film n'est, hélàs, pas exempt de défauts, force est de constater qu'il est vraiment fort. La puissance du film réside en partie dans le traitement de son sujet (même si on a connu plus brillant) mais surtout dans le jeu des interprètes, tout simplement excellents. Le propos-même du film est également d'une grande force.

La mise en scène du film a retenu mon attention. Alors oui la symbolique est très présente mais çe ne m'a pas forcément gêné. L'introduction du film qui ressemble à de l'expérimental soft m'a beaucoup plu. On aura fait plus subtil que cet étalage de couleur rouge et de tomates, mais la sens est bien présent. Le reste du film fait également preuve d'une belle maîtrise. La structure narrative du film est intéressante, on s'éloigne du schéma simple du "présent-flashback-présent" pour surligner les scènes du présent avec des scènes du passé qui répondent en partie à ce qui se trame dan le présent. Surligner oui, c'est peut-être là où le bât blesse. We need to talk about Kevin manque de finesse c'est certain mais formellement parlant le film est très bon.

Les acteurs sont tout bonnement admirables. J'ai totalement revu mon jugement sur Tilda Swinton que je n'appréciais pas beaucoup auparavant. C'est une fabuleuse actrice, son personnage bénéficie de sa grande performance. On y sent à la fois tout son désespoir vis-à-vis de ce qu'a provoqué son fils et toute son envie d'aller de l'avant pour changer les choses. Jogn C.Reilly est également excellent et le jeune Ezra Miller qui campe Kévin fait preuve d'un grand potentiel avec son personnage ambigu qui fait preuve d'une méchanceté sans pareille mais sait se rendre bon quand ceci concerne son propre intérêt. La construction du film autour de la relation mère-fils est intéressante. Cette relation chaotique depuis le début est glaçante, le film aborde un sujet assez tabou: celui de l'aversion d'une mère envers son enfant, et il le fait bien. Si on ressent un poil de caricature c'est pour mieux accentuer la déchéance des liens familiaux.
Une réussite formelle et un fond étudié font de ce film une belle oeuvre, bien qu'assez pessimiste et très rude. Le manque de finesse est regrettable mais la force du propos ainsi que l'audace visuelle comblent ce défaut. Un vrai bon film, la sélection cannoise était vraiment bien cette année.
Moorhuhn
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le 14 sept. 2012

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Moorhuhn

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