We need to talk about Kévin, a été réalisé par Lynne Ramsay en 2009. Ce drame raconte l'histoire d'une mère de famille (Tilda Swinton), intelligente et bien éduquée, qui fait de son mieux pour élever un enfant, Kévin (Ezra Miller), qu'elle n'a jamais désiré. Cependant, ce fils se révèle instable, difficile à contrôler et destructeur... il va même se sentir poussé à commettre un drame pour faire souffrir sa mère...

Lynne Ramsay traite dans ce film un sujet peu évoqué par le monde cinématographique, ce qui le rend original et très intéressant. On découvre ainsi le bouleversement qu'un enfant perturbé psychologiquement, car non désiré, peut provoquer dans sa famille et même dans tout son entourage proche comme plus lointain.
Le scénario est bien construit et parsemé de quelques rebondissements qui sont la conséquence de la dégradation du comportement de Kévin.
Dans ce film, les mots ne font pas tout, dans certaines scènes, les dialogues sont peu présents, pour laisser place à des regards ou des émotions qui nous font comprendre ce qui pourrait être dit avec des mots. Par conséquent, le message véhiculé est d'autant plus fort.
Le film est construit sur un système de flash-backs. On découvre en première scène ce qui s'est passé quelques heures avant le drame, et cette même scène est reprise tout à la fin, avec la suite qui nous permet de comprendre enfin toute l'histoire qui s'est développée durant tout le film. Et malgré tous ces changements de temps, l'histoire reste facile à suivre tout de même.
Dans cette dernière, nous suivons le point de vue de la mère, mais pour autant on a du mal à s'identifier à ce personnage central, car son comportement est repoussant envers son fils. Pour autant, nous partageons tout de même son malheur.
Les acteurs ont un jeu très intéressant, centré sur les regards et émotions, et ils jouent tous très bien, surtout lorsque Kévin est âgé de 8 ans (Jasper Newell), bien que jeune, ce petit est très prometteur. Tout est dans la subtilité que le regard du spectateur saura capter.
Tous évoluent dans des décors simple, une ville à l'apparence paisible. Dans ce domaine, il n'y a rien d'exceptionnel, tout est dans le naturel, et l'on n'en demandait pas plus à Lynn Ramsay qui nous livre cette histoire au naturel.
Quant aux couleurs, elles jouent un rôle important, notamment la couleur rouge, qui n'est pas sans rappeler l'amour et la passion, mais ici, ce serait plutôt le sang. Cette couleur est présente tout au long du film, tout d'abord sur l'affiche, ou dans la toute première scène lors des fêtes en Espagne. Par la suite, elle est encore rappelée avec la maison, la voiture, les tomates...
L'éclairage est très clair par moments, et à d'autres bien plus sombre, ce qui fait d'autant plus ressortir certaines émotions. Par contre, la musique ne joue pas un très grand rôle, elle n'est pas très présente, Lynne Ramsay s'amuse d'ailleurs à jouer sur les blancs de conversation...
Au final, le but de faire souffrir cette mère qui ne l'a pas désiré se révèle-t-il être un échec pour Kevin ? C'est bien ce que l'on pourrait croire. Mais libre à chacun de comprendre ou d'interpréter la fin comme il le désir. Lynne Ramsay laisse une petite part de mystère.

Ce film vaut vraiment la peine d'être vu, ne serait-ce que pour voir ce très bon jeu d'acteurs, car peu sont les réalisations traitant de ce sujet pourtant intéressant, mais surtout qui le traitent d'une manière aussi poignante. A chaque instant on attend qu'une chose : découvrir la suite, et l'on est pas déçu. Il a tout pour plaire aux plus grands qui aiment ce jeu sur l'émotion et la psychologie.
Zibeline
8
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le 8 sept. 2011

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