Week-ends par Hugo Harnois
Karin Viard n'arrête plus de tourner. Et si nous devions chercher un point commun pour ces trois derniers rôles (L'amour est un crime parfait, Lulu femme nue), ce serait la figure féminine. Tantôt libérée, tantôt enfermée, elle est aujourd'hui trahie par un mari qui ne l'aime plus. Elle part alors se ressourcer de nombreux week-ends dans sa maison de vacances, en compagnie de ses amis de toujours, Ulrich et Sylvette.
Week-ends est-il censé être un film sur la crise de couple après des dizaines d'années de vie commune ? Car si c'est le cas, c'est bien raté, tant sur le traitement des relations (le couple d'amis semble hors sujet et à côté de la plaque, de sorte que l'on ne croit à aucun moment à leur amitié vieille de trente ans) que sur l'écriture narrative, où personne n'a rien à se dire. Et quand la réalisatrice se donne la peine d'écrire de (mauvais) dialogues, elle arrive à rendre ses acteurs presque faux, un comble pour des poids lourds du cinéma français comme Karin Viard, Jacques Gamblin ou Noémie Lvovsky.
Sophie Fillières, réalisatrice en ce moment d'Arrête ou je continue (film également sur la crise relationnelle), a participé à l'élaboration de ce récit lent, plat, maladroit, et partant dans tous les sens sans savoir quelle est l'utilité de certaines scènes. La présence de Casadesus par exemple, qui montre encore son goût pour la littérature dont tout le monde se fiche. Ou l'intervention d'un adolescent lors d'un petit déjeuner improvisé, totalement déroutante et incompréhensible. Ajoutons que la voix off est très énervante car mal choisie et faussement élitiste, comme si nous étions dans un mauvais Desplechin. Elle n'apporte en effet rien à la narration ni à l'analyse psychologique des personnages, et survient de manière hasardeuse dans le film.
Résultat, on enfonce des portes ouvertes sur un sujet qui commence peut-être au cinéma à s'essouffler, surtout lorsqu'on le mène de cette manière. Merci pour ce beau coup d'épée dans l'eau !