West Side Story. Un titre entré dans la légende, à ranger aux côtés de Citizen Kane, Singin’ in the Rain, Apocalypse Now ou encore Psycho.
Adaptation de Romeo et Juliette au quartier de l’Upper West Side à New York, West Side Story est en premier lieu un drame lyrique des compositeurs Leonard Bernstein et Stephen Sondheim et du dramaturge Arthur Laurents joué en 1957 à Broadway. Il devient un film en 1961 sous la coupe de Robert Wise et Jerome Robbins (déjà chorégraphe de la pièce).


Le pitch est simple : deux bandes rivales, les Jets et les Sharks, se partagent un quartier de New-York, et n’hésitent pas à se battre pour affirmer leur suprématie. Tout bascule lorsque Tony, ancien membre des Jets, tombe amoureux de Maria, sœur du leader des Sharks. Amour impossible car les deux bandes sont de cultures différentes et il n’y a guère que la haine qui les unissent.
Les Jets sont des fils d’immigrés italiens, irlandais ou polonais (les polacks ici) déjà présents depuis quelques décennies sur le sol américain et se prétendent donc pleinement américains, à la différence des Sharks qui sont des immigrés fraichement arrivés de Porto Rico.


Le film s’ouvre sur une séquence inédite : c’est la première fois qu’un survol de New-York à la verticale est filmé. Le résultat est bluffant et surtout il n’a pas pris une ride. S’ensuit une longue scène haletante de 10 minutes totalement muette nous introduisant les différents protagonistes, qui ne sera interrompue que par l’apparition des policiers, séparant les deux bandes.
Le reste du film est du même accabit, alternant entre interventions des policiers le plus souvent et chansons. Je ne vais pas m’attarder à faire le résumé complet du film, d’autant plus que ce n’est pas le plus important ici.


Tout ce qui entoure le film et cette intrigue touche à la perfection. On pense en premier lieu à cette bande son épique, œuvre de Bernstein qui donna naissance à des morceaux mythiques tels que America, Tonight, Maria ou I Feel Pretty (qui a ma préférence). Les décors de Victor Gangelin sont également au niveau et donne l’impression qu’on arpente littéralement les rues du New-York de l’époque. La photographie de Daniel L. Fapp est très belle. Et évidemment, comment ne pas parler des chorégraphies ? Œuvres géniales de Jerome Robbins, qui poussa le perfectionnisme à son paroxysme et demanda tellement aux danseurs… qu’il fut renvoyé avant la fin de la production.


West Side Story va connaitre un succès critique et publique retentissant, gagnant 10 Oscars sur onze nominations et se classant deuxième en termes de recettes en 1961 en engrengeant plus de 19 millions de dollars (sur un budget de 6 millions).
Le côté dramatique du film et la mise en avant des problèmes sociaux avec la difficulté d’insertion des immigrés portoricains contraste avec les traditionnelles comédies musicales hollywoodiennes. En effet, West Side Story montre un nouveau visage de ce genre. Plus de happy-ending, la joie de vivre laisse place au mélodrame.


On peut dire que ce long métrage est un précurseur concernant la question ethnique et est malheureusement plus que jamais d’actualité aux Etats-Unis. On retrouve dans le film l’idée que la police prendrait parti, comme nous le voyons lorsque lieutenant Schrank essaye de connaitre le lieu de la bagarre entre Jets et Sharks et qu’il dit au leader des Jets qu’il est de son côté.
C’est exactement le sentiment que l’on retrouve aujourd’hui outre Atlantique, avec une nouvelle bavure suspectée des forces de l’ordre sur un jeune noir de 25 ans, embrasant la communauté afro-américaine, quelques mois après les évènements de Ferguson.
West Side Story véhicule l’idée d’une panne du rêve américain, en montrant que les différentes communautés ont un mal fou à vivre ensemble, notion que l’on retrouve encore aujourd’hui.


Pour conclure, on peut dire que West Side Story est un classique de la comédie musicale et plus globalement du cinéma dans son ensemble. Novateur par les thèmes abordés et la façon même de traiter la comédie musicale sur grand écran, ce long métrage est indispensable à tout cinéphile. Bien que pouvant paraitre mielleux, West Side Story réinvente la comédie musicale qui était alors en perte de souffle d’une bien jolie manière.

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le 30 avr. 2015

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ArnaudBalo

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