Where the Dead Go to Die
5.3
Where the Dead Go to Die

Long-métrage d'animation de Jimmy ScreamerClauz (2012)

Where the Dead go to Die est un des plus gros film malade de l’Histoire du cinéma. Réalisé en 2012 par Jimmy ScreamerClauz, il est encore quasiment inconnu. Il montre des enfants malheureux ou en difficulté conduits dans des dimensions voisines de l’Enfer par un Méphistophélès canin.


Vu le projet et le style annoncé, il est possible d’avoir de la peine à prendre le film au sérieux, pourtant ScreamerClauz ne faillira pas. Il faut savoir qu’avec ce produit construit comme un jeu-vidéo, avec une esthétique hors-norme et un design extrêmement agressif et inconfortable, le réalisateur serait probablement en prison ou à l’asile s’il ne s’agissait pas d’un film d’animation. Donc, avec des personnages sur lesquels les lois n’ont pas de prise et que l’on peut exploiter au gré de ses fantasmes.


Accumulation de malsain et de crade, Where the Dead aligne un acte de zoophilie… impromptu ; des suicides ; un viol incestueux ; et une flopée de bullshit odieuses. La séance est cauchemardesque, le malaise redoublé par la forme déroutante. La violence est inouïe et surtout accompagne une atteinte aux pires tabous, notamment liés au corps et à la sexualité. Toutefois hormis ces quelques exploits, on se dit à l’arrivée (c’est terrible !) que.. l’étalage graphique est là certes, mais le "pire absolu" est finalement une simple composante et n’est pas si fréquent ni intense.


Alors c’est extrêmement choquant. Mais comme les chocs hystériques au cinéma, il sature finalement son spectateur, lequel s’en tire par la rationalisation ou le scepticisme, voir l’indifférence s’il est un peu rodé, devant cette avalanche de transgressions certes, mais dans un cadre artificiel. Et en effet le film atteint peu, il dégoûte, peut révolter, mais ne hante pas de ses visions ultra-gores. Sa capacité de nuisance est très faible, toutefois il peut traumatiser de manière terrifiante des esprits peu avertis. Car cet objet underground est, en effet, un monstre, un des films les plus immontrables qui soit.


Le spectacle est usant, par sa crudité, son style graphique, son outrance et sa bizarrerie. A côté de cela, Where the Dead, c’est aussi des délires créatifs admirables, des univers extrêmement élaborés et saisissants. Incroyablement créatif et no limit dans ses diverses productions, ScreamerClauz crée ici des situations farfelues, débarquées de nulle part ; l’attaque de smileys sur pattes, les cyclopes… autant de créatures improbables, certaines sans visage commun, une autre apparaissant comme une sorte de mouche kaléidoscopique qu’on dirait issue d’une dégénérescence du verre géant de Dune.


L’imaginaire qui s’en dégage épate, car chaque instant est un pas dans un nouveau monde, où l’auteur libère toute son intériorité malade, sans la moindre barrière. C’est dangereux et souvent, révulsif et inacceptable. Ces manières sont parfois scandaleuses, la censure est légitime en bien des cas de figure (interdit aux mineurs, évidemment). Mais c’est aussi ça, une expérience de cinéma. Ce qui fascine, en marge de l’horreur véritable dans Where the Dead, c’est son étrangeté bête et prodigieuse.


https://zogarok.wordpress.com/2014/06/28/where-the-dead-go-to-die/

Créée

le 28 juin 2014

Critique lue 3.4K fois

13 j'aime

8 commentaires

Zogarok

Écrit par

Critique lue 3.4K fois

13
8

D'autres avis sur Where the Dead Go to Die

Where the Dead Go to Die
Voracinéphile
4

Critique de Where the Dead Go to Die par Voracinéphile

Le récit est complètement éclaté entre le destin de différents personnages, plus pervertis les uns que les autres, se partageant l’écran en découpage par sketch (des chapitres sont marqués). Il...

le 15 sept. 2013

8 j'aime

26

Where the Dead Go to Die
TristanJarvis
6

Un trip de fou.

Ce " film" d'animation à l'animation approximative sort de l'âme perverse, pervertie, folle, déséquilibrée d'un auteur qui se cache derriére un pseudonyme tant peut etre il a peur des...

le 2 sept. 2016

4 j'aime

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2