Dans les couloirs sombres d'une soirée tardive, au conservatoire de Manhattan, le professeur Terrence Flecher a trouvé sa nouvelle victime en la personne d'Andrew, 19 ans. Tel un Boris Lermontov, Flesher est immensément respecté, et tout comme le directeur du ballet, ce professeur va faire baver son élève. Andrew est forcé de renoncer à toute vie sociale, laissant une petite amie trop belle pour lui pour se consacrer uniquement à une chose : son art, la batterie. La méthode Flesher, tout comme la pensée Chazelle, est celle du passage forcé vers la souffrance pour atteindre l'éclat artistique. Lorsque Andrew s'entraîne sur sa batterie, on ne sait plus qui tape sur qui tant le musicien en herbe voit ses mains ensanglantées qui font écho aux pieds palmés de la danseuse Nina de Black Swan. Une chose obsède Andrew : être le meilleur, et surtout avoir la reconnaissance de celui qu'il considère comme son maître.
Whiplash c'est donc l'histoire d'une confrontation, d'une relation ambiguë entre deux hommes et d'un personnage prêt à se sacrifier pour atteindre la perfection. Nous sommes donc dans la même configuration que des chefs d’œuvres comme Les Chaussons Rouges ou Black Swan, la batterie remplaçant la danse. Whiplash souffre d'ailleurs de cette comparaison. Ces deux films offrent une progression dramatique inouïe et un final macabre quand l’œuvre de Damien Chazelle se contente de multiplier la même scène de confrontation tout au long du film. Reste un très beau jeu de regard entre ces deux acteurs dont le génial J.K Simmons, qui a décidément du mal à se défaire de son image de nazillon tyrannique.
Pas de panique pour Damien Chazelle. Son film n'est peut-être pas le chef d’œuvre qu'il aurait souhaité. Mais comme l'affirme son personnage, il n'y a pas plus décourageant que les mots ''good job''. En espérant ne pas attendre mille ratés avant de voir le chef d’œuvre de Damien Chazelle...