Mention : Intriguant

White God est un étrange mélange de genres. A la fois un nanar bestial, un délire bien orchestré et une pure œuvre d'auteur

C'est loin d'être une idée originale que de montrer la nature animale prendre le dessus sur l'Homme. La révolution des animaux fût même un genre marquant des années soixante-dix (Soudain les monstres, Day of the animals, Phase IV, Piranhas...). Le côté absurde de la situation amène à des moments cocasses. Certaines images frisent le ridicule, la dernière en particuliers. La forme du récit reste saugrenue. Le scénario n'est d'aucune prétention, les personnages et l'intrigue sont d'une légèreté absolue. C'est d'une telle simplicité que c'en est drôlement grotesque.
Cette dérision n'est pas contraignante mais ne s'accorde pas avec le ton plus sèrieux du propos.

Cette intrigue d'une folle frivolité a tout de même un fond clairement intéressant. Le point de vu canin du film démontre bien un traitement insoutenable. L'Homme est bestial, les bêtes humaines. Il regorge beaucoup de violence de White God. Une façon singulière et convainquante d'engager une dénonciation de la maltraitance animale. Intégrer un abattoir en théâtre de ces brutalités accentue le propos, bonne idée pas assez éxploitée.

Ce film Hongrois rappel étrangement la série française P'tit Quinquin. La ressemblance se trouve dans l'atmosphère. Même entrée en matière dans la chair bovine, puis dans l'harmonie folle entre image et son. La musique donne énormement de corps à la mise en scène, et bien-sûr aussi du souffle. En plus de donner un dimension artistique, cette utilisation instrumentale a beaucoup de sens.

La clé du film c'est le personnage de la jeune Lilli, innocente parmi les brutes. C'est une battante touchante dans sa dévotion pour son animal de compagnie, Hagen. Son arrogance est truculente. Zsófia Psotta livre une première prestation exemplaire.

C'est là où White God est un vrai film d'auteur, en plus du bon propos. Les acteurs, tous inconnus évidemment, sont remarquables. Le travail de direction est parfait. Du reste, c'est beaucoup plus maladroit dans la réalisation. Des hors-champ et une caméra qui ne suit pas l'action. Cette modestie est au détriment des sensations.

En somme, White God puise à la fois dans l'absurde drolatique et le message à propos. Les deux formes sont tenues mais ne s'allient pas. Un choix entre deux aurait dû être fait. De notre avis, cela fait vraiment du bien de voir un film démontrer et dénoncer vraiment la maltraitance animale.

Note : 13/20
adamkesher01
7
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Créée

le 21 déc. 2014

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Adam Kesher

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