Super Puceaux

En matière de cinéma déjanté et complètement péter du casque je crois que les japonais sont définitivement les champions du monde. Eux seuls sont capables de nous faire des films avec un calamar catcheur, un koala cadre supérieur, des tortues mutantes ou des morts-vivants sortant des toilettes et combattus à grands coups de pets par des jeunes filles en fleurs. Avec Wild Virgins le réalisateur Kenichi Ugana nous propose une nouvelle fois un concept gentiment barré et plutôt original dans le domaine ultra exploité du super héros.

Wild Virgins nous raconte effectivement l'histoire d'un modeste employé d'une compagnie d'assurance qui à l'approche de ses 30 ans est toujours puceau. Son collègue lui raconte alors une légende qui prétend que les hommes qui atteignent leur trentième année sans avoir coucher avec une femme se transforment en sorciers dotés de trois pouvoirs. Pour notre héros l'heure fatidique approche et son 30e anniversaire coïncide avec le moment où il tombe amoureux de sa nouvelle collègue.

Le film du réalisateur Kenichi Ugana est un étrange mélange de comédie, de romance, de drame et bien sûr de film de super-héros de secondes zones. Car en devenant sorciers, les personnages acquièrent différents pouvoirs qui leur permettent de devenir éventuellement de piètre mais réels super-héros. Si le film prends le plus souvent les apparences d'une grosse farce renforcée par des effets spéciaux rudimentaires et des acteurs qu'ils ont oublié la moindre notion des mots nuance et sobriété, le film de Kenichi Ugana sait aussi parfois se faire plus sombre, profond et mélancolique. Mikio Hoshimura le personnage principal interprété par Tomoya Maeno reste un homme qui sous ses dehors un peu ridicule d'éternel souffre douleur timide cache de profondes blessures d'enfance, une triste et morne existence et surtout un besoin sincère, fondamental et profond d'être aimé. D'ailleurs, et de manière symbolique, l'amour sera au centre d'un récit dans lequel des hommes se transformeront au gré de leurs désirs inassouvis en héros positifs disposés à faire le bien ou en méchants prêts à raser la terre entière pour une désillusion amoureuse. Et sous ses dehors de comédie foutraque Kenichi Ugana dessine aussi en filigrane un portrait d'une société japonaise en mal d'amour puisque selon une étude très sérieuse dans l'archipel japonais, plus de 40% des hommes de 18 à 35 ans n'ont jamais eu de rapport sexuel, ce qui fait une belle armée de super héros en puissance

Le film de ne cesse donc de naviguer entre différents registres tout en parvenant à conserver une cohérence interne. Bien sûr on s'amusera énormément de ses apprentis super-héros dont l'un se transforme en macaque un peu moisi alors que l'autre hurle de douleur à chaque fois qu'il utilise les rayons lasers qui lui sortent des yeux. Le film dresse aussi un portrait attachant de ces adultes parfois exclus de l'amour physique et qui se réfugient dans une forme d'imaginaire hérité de l'enfance. Côté romance la relation entre Mikio Hoshimura et Akiyama cette jeune femme interprété par les solaire Hinako Sano est à la fois amusante et émouvante. Capable de toutes les audaces, le film parvient à nous faire sourire puis à nous émouvoir mais tout en restant dans une folie interne qui lui donne un aspect de réjouissant OVNI.

Wild Virgins propose un univers sympathique qui permet une nouvelle approche des films de super héros . Loin des héros tout en muscle qui sauve le monde en faisant tout péter, les sorciers de Wild Virgins sont des types ordinaires qui rêvent surtout de sauver des jeunes filles en détresse pour tirer leur coup.