Will Hunting par Nicolas Montagne
A mille lieues de sa tétralogie-culte, Gus Van Sant réalise Will Hunting, mélo psychologique et hollywoodien. Ici, pas de long travelling à la steadycam, le travail est lisse et poli. Pourtant, on retrouve les thèmes chers à ce cinéaste devenu un expérimentateur forcené: le difficile rapport à l'Autre, les amours contrariés, les barrières que l'on se pose.
Ici, le scénario est écrit par Ben Affleck et Matt Damon (ils remporteront d'ailleurs l'oscar pour celui-ci), débutants en la matière mais parfaitement conscients des enjeux. Jouant les rôles qu'ils ont écrit, ils bénéficient tout de même d'un casting quatre étoiles puisque, outre Gus Van Sant (qui n'avait pas encore la renommée due à sa Palme d'Or), on trouve Robin Williams et Stellan Skarsgaard, toujours aussi bons. Le scénario est tout de même typique du mélo hollywoodien, avec ses inévitables clichés empathiques: un pauvre petit tabassé par ses parents adoptifs se révèle être un génie absolu, mais il choisit de travailler comme homme de ménage. Ouin!Sauf que, derrière ces apparences mielleuse, le jeu des acteurs et la finesse de ce scénario font de ce film un petit bijou d'authenticité. Robin Williams est parfait en figure paternelle (oscar pour lui cette anée-là) qui va redresser la barre pour un sale gosse foutrement doué, et Matt Damon est resplendissant dans sa relation avec Minnie Driver (nominée aux oscars), relation qui lui fait comprendre beaucoup de choses.
On trouve tout de même des questions importantes dans ce film: doit-on forcément faire ce que les autres auraient voulu faire lorsque l'on en a la possibilité (l'attente de l'autre toujours)? A-t-on le droit, dans l'intérêt général, de sacrifier le talent d'un génie sous prétexte que ce génie ne montre pas l'envie de se servir de ce talent? Est-ce vivre que d'avoir peur?Au final, on se retrouve tout de même avec un film hollywoodien, mais un film hollywoodien avec une âme véritable, ce qui est assez rare pour être souligné!