Willow
6.9
Willow

Film de Ron Howard (1988)

Je l'ai vu jeune, bla bla bla, la nostalgie bla bla bla, Joanne Whalley bla bla bla. C'est bon? On peut y aller?

J'ai revu, adulte, à plusieurs reprises, Willow. Et ça marche toujours. Plus vraiment pour les mêmes raisons. Moments un peu brouillons, cohérence d'ensemble parfois discutable, vieillissement visuel parfois un peu cruel... mais qu'est-ce que je m'en tape, c'est impressionnant. Qu'un film, un jeu soit daté, quand c'est bon, c'est bon. J'avais déjà joué à GTA V quand je me suis plongé dans le Mafia de 2002 pour ne plus en décoller avant la fin: quand c'est bien écrit, c'est bien écrit.

Willow n'est pas si bien écrit que ça? Mmmmmh. d'accord, je me tire une balle dans le pied.

N'empêche que j'aime Willow pour certaines raisons: d'abord ses personnages. Même si ils sont un peu caricaturaux, même si on leur reproche leur niaiserie de gentils très gentils... les fameux gentils ne sont-ils pas à nuancer? Au départ, Sorcha cherche un bébé pour le compte de sa mère dans l'objectif de l'éventrer sur une table rituelle, et ça ne la questionne pas plus que ça. Madmartigan, au départ un voleur sinistre dans une cage est prêt à prendre des otages, puis à promettre de s'occuper d'un bébé pour sauver sa peau, bébé dont il n'a en réalité absolument rien à foutre, qu'il va perdre, et il le vivra très bien. Airk, le commandant des fameux gentils, laisse son vieux pote Madmartigan crever dans une cage après avoir taloché Willow vu que lui il a une guerre sur le feu et que les Nelwyns c'est des nabots sans intérêt. Même la très gentille Finrasel traite Willow de débile quand il essaye tant bien que mal de lui redonner sa forme humaine. Elle est tout sauf bienveillante vis-à-vis de ce «paysan» qui est son seul recours et dont les échecs à répétition menacent de foirer l'avenir du «monde libre».

Au début du film, hormis Willow qui surnage avec une détermination admirable mais pas très efficace, ça s'intéresse moyen au sort de son prochain.

Oui, ça va évoluer. Et j'aime bien la manière dont ça évolue. Madmartigan va s'attacher à Elora et Willow. Sorcha va s'attacher à Madmartigan. Et le clan des «gentils» se forme comme ça. Non pas par idéologie, non par une morale qui les ferait lutter naturellement contre le mal, mais bien par la sympathie qu'ils éprouvent les uns envers les autres. Cet aspect m'intéresse beaucoup. Même Willow au final s'en bat l'os de la lutte du bien contre le mal. Lui il veut juste assurer un avenir à Elora. Quelque part, le reste l'intéresse peu. Le parti pris un peu fastoche de « il n'avait rien demandé à personne » en ce qui concerne Willow est pour le moins respecté jusqu'au bout, et Willow ne s'écarte jamais de la mission qu'il s'est fixée est qui reste très basique.

Quoi d'autre? Je suis content, comme je le suis pour Jurassic Park ou Evil Dead, de retrouver des vraies textures. Bien que fan infini de l'œuvre de Tolkien (ouais t'as vu, j'ai pas réussi à parler de Willow sans parler de Tolkien, j'ai tellement raté ma vie), les films de Jackson, très chouettes sur certains points, sont trop foisonnants à mon goût et manquent de rugosité. Tout y est très propre, très lisse, très too much aussi. La bataille des Champs du Pelenor, totalement épique dans les bouquins, est brossée à mon goût de manière confuse et bien trop numérique chez Jackson (défaut que je trouvais déjà dans Kingdom of Heaven)(je parle d'Orlando Bloom du coup?... nan vaux mieux pas). Je ne me retrouve pas dans cet affichage certes de grand talent, certes techniquement novateur et audacieux. Mais pas suffisamment physique pour moi. En un sens, j'ai plus de plaisir à voir Madmartigan se foutre sur la gueule avec la petite escouade de Kay à Tiras Lin, toute pleine de vrais figurants qui occupent une vraie place dans l'espace et tombent en faisant poc sur le sol et en soulevant de vrais morceaux de terre et de paille. Idem, bien entendu, avec la bataille chez Bavmorda. Mais ceci serait déclinable à l'envi, par exemple avec le Robin des Bois de Costner: des vrais combats, c'est chouette. Et ce n'est pas tant par nostalgie, par c'était mieux avant, que simplement je trouve plus crédible et je suis donc plus impliqué comme spectateur par des gens que par leurs doublures numériques, même en capture motion (qui pose à mes yeux de sales problèmes de textures pas crédibles).

Après je gueule, je gueule, mais c'est surtout sur le thème des combats et plus encore des batailles dans l'Heroic Fantasy que j'ai à gueuler. Quoique... je parle d'Alien et de la présence tellement crédible et oppressante de la créature dans les deux premiers films et que je ne retrouve plus après? Mais d'un autre côté, j'avoue à voix basse que j'ai adhéré au visuel de Pacific Rim que je trouve étonnamment lisible?

Si tu as survécu à ma digression, et je t'en félicite, je conclus en disant que Willow possède une histoire simple mais efficace, des personnages simples mais plus grisâtres qu'il n'y paraît, une morale simple mais au second plan, une rugosité visuelle qui me manque souvent à l'heure actuelle (la flotte sur la tronche de Jean Marsh, c'est quand même très stylé, plus que celle de l'orage abusé du gouffre de Helm qui est pourtant assez cool dans son genre). Et puis bon, je me dis que des trolls poilus, ça vaut bien la polémique sur les T-Rex à plumes...

Désolé, j'ai été un peu chiant. Quand on s'enflamme un peu trop, c'est généralement ce qui se passe. Mais il y a bien des raisons de s'enflammer pour Willow, ce film parfait pour entrer par une porte sans esbrouffe dans l'Heroic Fantasy.

Quoi? Faire un paragraphe sur les défauts évidents du film, et ce dès sa sortie? Et puis quoi encore? Tu voudrais pas non plus que j'arrête de surinterpréter et que je sois objectif non plus? N'importe quoi.

dadujones
8
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le 7 juin 2023

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dadujones

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