Anthony Mann est un grand réalisateur de westerns: Je suis un aventurier, L'appât, L'homme de l'ouest pour ne citer qu'eux, et Winchester 73 !

Réalisé en 1950, le film est en noir et blanc avec en vedette James Stewart. Il ne vaut peut-être pas John Wayne, Randalph Scott ou Gary Cooper en matière de western, mais il sait se donner la gueule de l'emploi. Il incarne l'antihéros du genre, celui qui ne veut pas user de violence pour résoudre les conflits. Mais sa psychologie est des plus intéressantes car derrière ses allures de Gandhi se cache un enragé qui cherche vengeance. La colère et la rage sont là, prêtes à déborder !

Winchester 73 se base donc sur cette arme ultra-célèbre qui, nous dit le film dans un court prologue, a largement permis la conquête de l'ouest ! Cette arme est, nous dit-on encore, vraiment exceptionnelle et avec elle, un très bon tireur devient un tireur d'élite. Dans un concours de tirs, deux hommes s'opposent: Dutch Henry Brown et Lin McAdam (J. Stewart). Ils ont reçu le même enseignement, mais le premier est un bandit alors que le second est un honnête homme. Lin gagne la Winchester si convoitée mais Dutch l'agresse et la lui vole. Le film est lancé. Anthony Mann fait une ouverte des plus brillantes. Il met en place une structure extrêmement solide. Ce duel, ce concours de tirs nous montre plusieurs choses: ces deux hommes sont ennemis, ils ont un différent très important à régler et ce sont des tireurs hors pairs. Les bases du film sont posées, Mann peut dérouler la suite.

La suite est pour le moins surprenant. J. Stewart, pourtant héros du film, n'est pas tout le temps au cœur de l'action. En réalité, c'est l'arme que nous suivons. Dutch la perd dans une partie de poker. Son nouveau propriétaire se la fait voler par un indien qui se fait tuer, etc, etc. Nous suivons donc le passage de main en main de la fameuse Winchester. Durant cette demi-heure de transition, nous nous demandons oùMann veut en venir. Les personnages se multiplient, on se force à rester dans le film et à conserver en tête les liens qui existent entre tous. Pas facile. Mais heureusement, dans la dernière demi-heure, nous voyons les pièces du puzzle s'assembler et le duel final pointe le bout de son nez. Comme on s'en doutait, le film effectue une boucle. Il s'ouvre avec les retrouvailles de Dutch et de Lin, il s'achève avec leur confrontation (Mann nous l'avait de toute façon annoncé dès le départ).

Notre patience, notre attente est remerciée. Dans un décor de rêve (ou plutôt de mort, mais la beauté du paysage est belle et bien présente), les deux hommes s'affrontent. Winchester 73 se dévoile être un western shakespearien. Il faut tuer le frère pour réparer le parricide. Et ce n'est que par la mort que Lin pourra retrouver une vie paisible. Une femme l'attend déjà, ainsi que son meilleur ami.

Si le film de Mann est plein de bons sentiments et est en partie prévisible, on ne peut qu'applaudir le scénario (très bien construit), la mise en scène et la galerie de personnages, tous plus westerniens les uns que les autres.
busterlewis
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le 3 mars 2012

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