Thriller bien glacé, comme je les aime.
Une silhouette cour à en perdre haleine, dans une nuit létale. Elle est pieds nus. Elle a peur. Elle est seule.
Des femmes de la tribu des Arapahos meurent jeunes, dans ce coin reculé, silencieux et blanc du Wyoming.
Cory Lambert est un traqueur, un tueur de prédateurs. Il n'est pas indien mais a épousé une indienne et est intégré dans la communauté. Un drame a bouleversé sa vie, et quand il retrouve et reconnait le corps d'une jeune fille pétrifié dans la neige, une machinerie infernale se met en place.
Il devra aider une jeune femme, agent du FBI, à qui l'enquête est confiée, faute de "mieux".
Elle vient des régions chaudes, blonde, ses yeux ont la couleur du ciel bleu cobalt qui apparait entre deux tempêtes, sa peau la couleur de la neige. Obstinée mais faisant preuve de maladresses face à des comportements tribaux qu'elle a du mal à comprendre, elle ira jusqu'au bout, jusqu'à ce que la neige rougisse...
C'est blanc, mais loin d'en avoir la pureté, c'est silencieux, mais troué de coups de fusils, le temps parait s'être arrêté, mais les traditions se perdent (entre autre dans la drogue) et en ce début de printemps, il fait entre -15 et -30° en plein jour.
Un casting bien choisi par Taylor Sheridan, le réalisateur : Jeremy Renner, naviguant entre cruauté pragmatique et émotions rentrées, Elizabeth Olsen, petite femme gracile, dont la présence jure au milieu des hommes violents et des femmes hostiles.
Film minimaliste et d'une grande fluidité, sans envolées lyriques, sans scènes d'amour, mais où rodent du début à la fin un chagrin, un fatalisme et une brutalité omniprésents, qui font avancer ces êtres, calmement, au sein d'une nature impitoyable.
Les rôles secondaires sont convaincants, quelques acteurs connus sont là, comme Jon Bernthal, Graham Greene II, Hugh Dillon.
Les paysages sont exceptionnels, qui rendent aux humains leur taille réelle, minuscules, et leurs vie où la chance n'existe pas, seulement le courage et une forme d'abnégation, ce qu'expliquera sagement Cory/Jeremy à Jane/Elizabeth.
C'est du brutal, comme dirait Lino. On en sort mélancolique et fataliste, aussi.
Je le recommande, mais peut-être pas aux romantiques...