Dès la séquence d'ouverture, Quentin Dupieux met les choses au clair : l’univers du film qui va suivre se complaît dans l’absurde. Pour preuve, on découvre un pompier faisant tranquillement ses besoins, accroupi sur le bitume en lisant son journal. Ses collègues, assis devant leur camion, n’ont pas l’air de trouver ce spectacle étonnant. Pendant ce temps, une camionnette est en train de brûler à quelques mètres d’eux et les pompiers n’y prêtent absolument aucune attention. Ce premier tableau est tellement bourré d’éléments absurdes que ça en devient fascinant.
Un homme cherche son chien. Sur ce postulat, le film enchaine sans relâche des séquences toutes aussi barrées les unes que les autres, érigeant l’absurde comme la norme. Dupieux prend même un malin plaisir à systématiquement prendre le contrepied des habituels poncifs narratifs utilisés par les cinéastes « normaux ». Il remplace ainsi les sbires du personnage mystérieux de l’histoire par des individus lambda, rencontrés par hasard par le héros, et qui lui transmettent des informations qu’ils n’ont aucune raison de connaître.
Pour peu que l’on soit sensible à la portée comique de cette succession de situations aberrantes, le film devient rapidement hilarant, tout en racontant une histoire pas aussi stupide qu’elle en a l’air.
En creusant un peu, on peut même parvenir à déceler du sens dans des scènes qui semblent justement n’en avoir aucun, comme cette humiliation subie par les employés d’une société dans les bureaux de laquelle il pleut en permanence, tandis que la patronne occupe un bureau parfaitement sec.
Au-delà du caractère absurde qui le caractérise, Wrong n’oublie pour autant pas d’être un vrai objet de cinéma, superbement filmé par un réalisateur perfectionniste et qui nous offre de purs moments de poésie, utilisant la caméra comme vecteur de son prolifique imaginaire.