Bon, et ben on pourra dire que c’est un nouvel échec. Sans atteindre le niveau catastrophique de L’affrontement final, Dark Phoenix sera à l’image d’Apocalypse un ratage. Pas pour les mêmes raisons ceci dit : pendant tout le film, on sent qu’il y a une idée, une volonté à vouloir adapter ce qui reste un des arcs narratifs les plus importants des X-Men. Cependant, à aucun moment, le tout ne fonctionne. On retrouvera des scènes ici et là qui, prises séparément, fonctionnent plutôt bien et sont même sympa ; mais une fois mis dans le contexte général du film, ça n’a aucun impact, aucune résonance, aucune valeur. C’est juste vide.
Ajoutons à cela des « vilains » qui ont rarement été aussi inutiles, inexistants, unidimensionnels, sans intérêt. Les X-Men ne sont d’ailleurs pas sans reste : Quicksilver et Tornade font de la figuration, Raven n’a plus qu’un rôle de femme sacrificielle, Hank ne se définit que par sa relation avec Raven, tout comme Cyclope. Sauf qu’en plus, pour Cyclope, une nouvelle fois, le film échoue à nous introduire la romance avec Jean. Du coup, encore une fois, c’est plat. Erik se met à la page aussi, car il n’a pour ainsi dire aucun rôle majeur dans l’intrigue : non seulement on ne s’attarde même pas à nommer ses compagnons, mais en plus, chaque seconde à l’écran transpire le forcing pour avoir le personnage.
Reste donc au final les deux autres personnages qui ont du vrai temps d’écran. On se retrouve avec un Charles qui vire limite OOC par rapport au reste de l’univers, dans la volonté pour le positionner en fait comme réel antagoniste de Jean (parce que ça se joue surtout à ce niveau en fait, l’histoire de Dark Phoenix). Sauf qu’au final le film ne va pas plus loin. Du coup, ça semble sorti de nulle part et souvent à côté de la plaque. Quant à Jean… Bon, disons que ce n’est pas aussi désastreux que ce qui avait été fait avec L’affrontement final, mais là aussi, c’est tellement plat. À aucun moment on ne s’attache vraiment à Jean pour se soucier de ce qui lui arrive et de l’enjeu du film. Encore une fois, il y a des scènes qui, séparées, sont sympas, mais dans l’ensemble, ça n’apporte rien.
Quant au final, bâclé, expédié, oubliable. Et encore, dans Captain Marvel, il y avait le côté surpuissante du personnage qui servait de prétexte. Mais là, on n’a même pas le temps de voir les réels pouvoirs en soit, puisque les méchants ne constituent même pas une menace quelconque, et que le film décide de couper court avant même d’y arriver.
Pour le reste… le quatuor principal vient encaisser son chèque, les nouveaux venus viennent montrer leur bouille parce que leur contrats le leur demande. Non seulement on sent que Kinberg avait une idée derrière la tête de ce qui voulait faire et qu’il n’a pas réussi à l’exprimer, mais en plus, il ne sait pas utiliser ni le casting et donc les personnages derrières. Presque une purge, heureusement que les concernés sont, de base, des acteurs corrects à bons (mais on a de la peine pour Fassbender par exemple).
Techniquement, le film tente de se sauver. Effets spéciaux et décors restent corrects même si sans grande originalité (encore une fois, la bataille finale dans un décors tellement générique). La mise en scène de Kinberg est à l’image de son scénario : il y a des idées, mais ne sait pas les transcrire à l’écran. Clairement, il lui manque un scénariste, un directeur photo et un réalisateur pour l’aider. Au final, il ne reste que la musique de Zimmer qui est, de façon surprenante mais aussi logique, le meilleur point du film, et de loin. À tel point que ça en devient presque triste, tellement on sent que Zimmer essaye de transcender le matériel de base pour éviter le naufrage, mais n’y arrive qu’à moitié. Dans le sens où son travail est vraiment bon, sans doute une des meilleures BO de la saga en fait, mais il y a tellement à rattraper que même le meilleur de Zimmer ne permet pas de le sauver.
Dark Phoenix est donc une conclusion ratée de la franchise X-Men, et donc de la saga reboot qui avait pourtant si bien commencé. Le film n’efface pas Apocalypse, trahit l’esprit de sa saga (dans l’idée où chaque épisode du reboot se passait à une époque bien précise qui affectait l’intrigue générale… ici, ça se passe en 1992, mais ça pourrait être les années 2000 ou les années 50 que ça serait pareil) et ne parvient pas à donner à ses personnages la fin qu’ils méritaient. Un exemple typique de film avec de bonnes intentions créatives, mais inutile.