**Pinacle tragique des X-men de Chris Claremont, inaugurant une vague de débauchages anglais par l'écurie Marvel, la transformation de Jean Grey en Phénix Noir et la mort de l'Elektra du Daredevil de Frank Miller sont les promesses non tenues d'un passage des comics à l'âge adulte. À la séduction d'une jeune femme par un homme de pouvoir âgé et amoral, aux génocides, à l'adultère et aux corsets SM, ce film préfère un retour sur l'adolescence du personnage, gommant toute son évolution en effaçant au passage la métaphore des pouvoirs comme accession à la puberté.


Il y a plus de quarante ans, la bédé imitait le cinéma en donnant sa version ''osée'' du ''côté sombre de la force'', puis sombrait à la fin des 80s dans l'émulation de la violence cool de ses héros d'action.
Aujourd'hui, après quelques ''audaces'' et provocations d'ado (Logan, Deadpool), la boucle du mercantilisme dérivatif bouclée, les adaptations ciné de ces comics rentrent dans le giron de la Disney corporation. L'odeur de soufre s'est déjà évaporée lorsque sort ce film encore plus raté que le baroud d'honneur des Puceaux Mutants. Un cycle s'achève, et la firme se trouve dans l'obligation d'une infantilisation des comics (oui, car ils ont toujours eu des aspects transgressifs) afin de convenir au plus grand nombre (de familles US et chinoises et indiennes etc.), laissant aux séries (moins coûteuses) le soin de plaire aux ados et aux adultes occidentaux attardés que nous sommes (encore que l'évolution des moeurs soit telle que Disney puisse miser sur des ados attardés ayant remisé toute révolte et velléités d'indépendance au placard, comblés comme ils le sont par l'industrie culturelle - ouvrant sur un horizon d'enfants esclaves n'arrivant jamais à l'âge adulte, seuls soucieux de plaire à leur papatron dans l'espoir de quelques goodies).**
1er janvier 2021


(suit ci-dessous la dispensable critique originale)


J'aime bien les répliques sibyllines qui prennent tout leur sens ultérieurement dans le film. J'aime pas trop les flashbacks sur des échanges entendus une heure plus tôt, mais je sais qu'il faut être compréhensible pour le spectateur lambda, surtout le Chinois (il est pas très fin le Chinois).


La première séquence est prenante, on s'étonne même à apprécier une musique avec des crescendi de violons qui rappellent un peu les arrangements de certains morceaux de Massive Attack, ça sonne bien.


Et puis arrivent les extra-terrestres. Belliqueux. Inconnus au bataillon - ils ont le pouvoir des skrull mais c'est pas des skrull. C'est pas des Shi'ar, ni des Brood (ouais, je touche ma bille en Xmaniverse hein?). Non, j'apprends en lisant les critiques que c'est le dernier X-Men de la Fox, donc pas le droit d'introduire des trucs qui pourraient resservir dans des épisodes ultérieurs.
Ils sont méchants, mais leurs intentions sont pour le moins contradictoires. Franchement je ne comprends pas trop ce qu'ils veulent. Ils sont là pour être les méchants, quoi. Parce que quand même, la grande méchante du film ça peut pas être Jean Grey. Pas question de génocide et tout ça. Pas question de détruire des planètes entières. Comme d'hab, on reste sur Terre.
En tout cas pas facile d'éviter d'énerver quelqu'un qui lit dans tes pensées. "Surtout ne pas penser à ne pas la fâcher! Surtout ne pas penser à ne pas la fâcher!" - et elle voit vite rouge vif.


Alors elle fait la tournée des figures parentales pour remplacer le prof qui l'a un peu déçue, elle donne un bon motif à Magneto de revenir dans le jeu (contents les fans?), et puis bagarre bagarre quoi. C'est plus de la shaky cam à ce niveau là. Ca remue dans tous les sens. Ca dégomme de l'extra-terrestre comme dans un shoot'em up. Diablo joue du couteau avec virtuosité et zigouille à tout va (puisque c'est bien sûr le mutant le plus sanguinaire de la bande). Avec quand même un joli plan de temps en temps; forcément les spécialistes des FX ont bossé dessus pendant des mois, il y a des gens compétents pour donner un peu de gueule à leur boulot.


L'intrigue est excessivement linéaire. Je n'en ai rapidement plus eu grand chose à foutre. Les acteurs sont bons mais ils sont là pour remplir une fonction, ils débitent des dialogues prévisibles, on leur donne des semblants de motivations pour que l'intrigue aille là où elle doit aller, même si ça trahit leur personnalité. Comme les aliens. Enfin c'est vraiment parce qu'il faut y aller hein. Comme les flics quand ils débarquent la première fois, ce qu'ils viennent foutre là, je sais pas trop.


Les aliens sont superflus puisque le scénario nous la fait à l'envers en montrant le Fauve décidé à tuer Phénix, laquelle est défendue par les autres X-men (et par les extra-terrestres...enfin au début)! En plus du "fauve sanguinaire", on a droit un un prof X avide de reconnaissance, se souciant peu de faire prendre des risques inconsidérés à ses employés, et poteau du président des USA (j'ai pas reconnu Gorge Bush sr, l'ex barbouze en chef de la CIA) ... Puisqu'il ne suffisait pas de faire subir ce genre d'évolution discutable aux personnages, on découvre que le père de Jean est vivant... Mais il se fait quand même tuer vite fait et on n'en parle plus! J'oubliais, Diablo devient capable de téléporter sa bande d'amis, siège roulant inclus, d'un bout à l'autre du monde sans se fouler...Disons que c'était plus pratique comme ça pour l'histoire.


De l'ampleur et du tragique de l'histoire originale ne reste rien. Les enjeux semblent mesquins.
De la première héroine marquante des comics entrés dans leur phase adulte, personnage fascinant qui a transformé les X-Men en série la plus populaire de Marvel, ne reste qu'une ado en colère. Quel scénariste de génie aurait su transposer dans la durée d'un métrage l'évolution (au fil d'années de publication) d'une femme progressivement corrompue par le pouvoir absolu ?


Mention spéciale à celui qui joue Cyclope avec les naseaux dilatés et la bouche de poupon toujours ouverte, on a envie d'y coller un biberon. Pensez-y quand vous verrez le film. Pensez-y.


Voilà, c'était ma critique en mode "rien à battre" pour faire comme ceux qui veulent être les premiers à écrire une bafouille sur un film de merde qui leur permettra de gagner en popularité sur ce site. Mais je n'irai pas jusqu'à faire semblant d'apprécier un bousin pour récolter des likes. J'admets que la démarche est contradictoire, à moins que mon but soit de déplaire à un maximum de gens. Non ça peut pas être ça.
Aux jeunes surtout.


C'est plus de mon âge ces conneries.

ChatonMarmot
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le 5 juin 2019

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ChatonMarmot

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