Brett Ratner a-t-il détruit la franchise créée par Bryan Singer?

Dernier volet de la trilogie lancée par Bryan Singer en 2000, X-Men 3 : L’affrontement final, nous emmène dans une histoire bien sombre où morts tragiques et surprenantes, se mêlent à un véritable déluge d’effets spéciaux du plus bel effet, rendant un réel hommage à l’univers des mutants. Exit Bryan Singer, c'est Brett Ratner qui sera à la charge de ce nouveau volet. Le réalisateur conclura-t-il avec brio la trilogie?


Final spectaculaire pour trilogie captivante


Ah X-Men 3, le mal aimé de la saga, l’épisode qui aura le plus hérissé le poil des fans de la première heure. Encore plus pour les lecteurs des comics. Des années plus tard, et après avoir vu X-Men Days of futur past, il faut l’avouer, mon opinion sur ce film a changé, j’arrive beaucoup mieux à digérer cet épisode choquant pour bien des raisons (choix scénaristique, incohérences à tire larigot, morts incompréhensibles), le voyant comme une sorte de « et si tel ou tel héros avait fait ce choix ? Quelles seraient les conséquences pour lui et les autres ? ». Partant de cette idée, X-Men l’affrontement final, passera sans doute mieux.


Si on met de coté en prenant sur nous ces quelques décisions plus que discutables, ainsi que le choix musical d’une banalité ne rendant pas du tout hommage aux deux films précédents, X-Men 3, il est plutôt bon dans son genre. Je veux dire par là, okay, l’intrigue manque de complexité comme ses deux prédécesseurs, mais les répliques sont toujours aussi intelligentes, et les scènes d’action… mon dieu ce que ça envoie comme feu d’artifice. Tout comme X-Men 2, succès oblige, le budget colossal d’X-Men 3 donnera lieu à des séquences mémorables. Rien que cette scène d’introduction voyant apparaitre pour la première le rajeunissement numérique créait la surprise.


L’idée de mettre en avant le Phoenix et, parce que l’univers d’X-Men se veut depuis le départ, réaliste, changer son histoire originale faute de crédibilité à l’écran (ici, au lieu d’être possédée par une entité cosmique nommée « Force Phénix », on apprend que Jean était depuis le départ une schizophrène), est là aussi discutable. Pourtant, question antagoniste foutant les chocottes, elle n’y va pas par quatre chemins notre ancienne Jean Grey. Incontrôlable, ses pouvoirs surpuissants faisant d'elle la plus forte de tous les mutants nous offre son lot de scènes apocalyptiques détaillées, semant la terreur du début jusqu'à la fin de notre film. Qui peut se vanter d'avoir créé une méchante aussi flippante capable de zigouiller n’importe qui, même ses anciens amis?




  • Avoir peur de ses pouvoirs tu sais pas ce que c'est. La peur de l'intimité avec quelqu'un tu connais pas

  • Si j'connais.

  • Tout ce que je demande c'est de pouvoir toucher quelqu'un. Un câlin, une poignée de main, un baiser...



Dites NON à l’antidote !


Comme ses deux prédécesseurs, X-Men 3 amène à réfléchir. Doit-on abandonner notre vraie nature pour être accepter dans notre société et se conformer à elle ? Peut-on changer sa propre nature? Est-il raisonnable de vouloir masquer ses différences? Et si vous aviez possibilité de changer des traits physiques ou psychiques faisant toute votre personnalité, pour ne plus vous sentir seuls, le feriez vous ? Difficile comme choix, d’autant plus que ça en reviendrait à perdre son identité. X-Men 3 poussera donc au débat, ravivant par ailleurs la tension humains/mutants.


Beaucoup de nouveaux personnages dans les deux camps, Brett Ratner arrivera à les exploiter convenablement, sauf pour Angel, peu présent, qui avait au départ l'image d'un symbole important à notre film. Trois pauvres répliques, trois apparitions furtives, mince pour un personnage de cet acabit. Pour les autres, aucunes fausses notes.


Hank McCoy alias Le Fauve, sa sagesse et sa bravoure gagne directement notre sympathie (surtout lorsqu'on le voit distribuer des pains en faisant des pirouettes jouissives lors d'un affrontement final dantesque),Colossus, vu dans X-Men 2 gagne un peu plus en intérêt, tout comme Iceberg continuant sur sa lancée, la mignonne Ellen Page interprète l’un des personnages préférés de l’univers, à savoir Kitty Pryde, une élève de l’institut Xavier capable de traverser les murs, Vinnie Jones nous pond un fléau franchement balèze bien que stupide (comme dans le comics).


J’aurai aimé voir enfin Jubilée faire partie de l’équipe (toujours des caméos, jamais de rôle clé), j’aurai aimé que Mystique ne fasse pas de la figuration comme Cyclope malgré deux, trois bonnes scènes, j’aurai aimé JUSTEMENT que Cyclope, mon X-Men préféré, gagne enfin en importance et participe à l’affrontement pour du coup, avoir un face à face d’anthologie avec sa dulcinée. Il n’en sera rien. On ne s’arrêtera pas là question défauts et autres incohérences.


Le thème musical principal absent pour un thème banal bien que, le titre « Phoenix Rises », soit une réussite exemplaire, un Cyclope qui aura été décidemment le vilain petit canard de la franchise, Wolverine trop mit en avant et faisant donc de l’ombre aux autres personnages, cette idée de vaccin venant saboter un peu l’intrigue. Le prix de consolation sera donc le spectacle, l’exploration du passé de Jean Grey, les punchlines, les prestations de Hugh Jackman/Ian McKellen/Patrick Stewart/Famke Janssen/Kelsey Grammer/Ellen Page et Halle Berry.


Ce film, tout comme les deux autres, aura au moins réussi une chose : brouiller les pistes, faisant douter le spectateur en se demandant quel camp est bon et quel autre est mauvais. Chacun de nos héros et anti-héros aura dû faire des choix.


X-Men L’affrontement final, c’est aussi son lot de clins d’œil (références ou easter eggs, au choix) : de la salle des dangers (salle d’entrainement des X-Men) aux sentinelles (robots gigantesques dont le but est de traquer et détruire les mutants). X-Men 3 pourra au moins se vanter d’avoir offert quelques cadeaux aux lecteurs de comics, à défauts d’avoir commit des fautes graves impardonnables.



Nous vivons une époque bien sombre, dans un monde dominé par la peur,
la colère, la haine et l'intolérance. Mais à chaque époque, il y a
ceux qui résistent.



Au final, si on fait comme si X-Men Days of futur past n’avait jamais existé, alors oui, ce X-Men L’affrontement final, mérite d’être détesté. Détesté pour avoir tué gratuitement des personnages cruciaux de l'univers, détesté pour avoir mit en première ligne Wolverine alors qu'il était supposé dans la bd, être en retrait, détesté parce que Brett Ratner aura, par fainéantise, charcuté l'intrigue originale la plus culte de l’univers X-Men pour quelque chose de simpliste, et mélangé des sous intrigues sans rapport avec la trame originale. Si on décide qu’X-Men Days of futur past existe, oui ce X-Men aura des défauts mais il n’en restera pas moins plus rythmé. Ca manque de profondeur mais le spectacle est là. Une très bonne conclusion à cette trilogie amenant à nous pousser à réfléchir sur notre propre société formatant de plus en plus les humains.

Jay77
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le 2 avr. 2018

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Jay77

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