Les Non-origines de Wolverine
Une mine dubitative, voilà la tête que je devais faire en sortant de la salle de cinéma le jour de la sortie du film.
Si comme moi, vous êtes de grands fans de comics et suivez les pérégrinations des héros Marvel depuis que vous savez lire, vous avez dû vous poser cette question pourtant au demeurant toute simple: "MAIS QU'ONT T-ILS FAIT À DEADPOOL ??!!!" (à imaginer avec un grand cri de détresse, une musique oppressante et une scène tragique au fond d'un bois). Je conviens parfaitement que pour les besoins d'un film, on puisse retoucher un peu les connivences. Ici, ce n'est pas de la simple retouche. Non, non, c'est ce qu'on peut appeler une boucherie, une trépanation sans anesthésie, on déchiquette les origines Marvel d'à peu près tous les protagonistes du film pour en faire un espèce de patchwork du plus mauvais goût; on se demande même à la limite si l'éventration à vif par petite cuillère des scénaristes serait un châtiment assez juste pour un tel carnage...
Alors pourquoi une note de 6? Parce qu'en mettant de coté le fait qu'on a littéralement dégommé les origines de nos protagonistes, le film s'en sort correctement (je passe les effets visuels 3D, je risquerais d'être de nouveau désagréable). Le choix d'opposer Liev Schreiber en Dents-de-Sabre à Hugh Jackman/Wolverine est un choix de premier ordre. Il a parfaitement su rentrer dans la peau du personnage, lui donnant un coté sombre sans le faire vraiment passer pour un éternel méchant. Taylor Kitsch incarne un Gambit, cajun charmeur et voleur, qui n'impressionne pas par sa présence, mais qui mérite qu'on s'intéresse au personnage (et heureusement d'ailleurs). Je suis un peu resté sur ma faim quant aux rôles de Maverick, Wraith et Blob. Les acteurs sont corrects, mais bon, là encore, le travail de sape des scénaristes fait qu'on peut pas vraiment accrocher. On pourra aussi regretter le manque de consistance de Silver Fox (Maggie Q), reléguée à une place de second couteau, alors que dans l'Histoire de la "Maison des Idées", elle est intimement liée à celle de Wolverine.
On va éviter d'épiloguer sur le cas Deadpool, je crois que ça n'en vaut même pas la peine, et le peu de place que j'accorde à cette transgression est déjà bien vendu (et pourtant, c'est un personnage de Marvel que j'affectionne tout particulièrement, c'est dire si la sentence est pénible).
Un film qui mérite quand même qu'on le voit, pour le charismatique Hugh Jackman, les décors sauvages des plaines et forêts canadiennes - ça fait quand même léger comme motivation. Si encore les vannes de Deadpool étaient drôle, je veux bien, mais là...
Si vous êtes un grand fan de Marvel, et que vous êtes désireux de voir ce film, prévoyez les mouchoirs, vous risquez d'en avoir besoin face à la mutilation scénaristique de ce film. Par contre, si vous n'y connaissez rien, libre à vous de le voir, mais ne venez pas dire aux fans de la première heure de l'univers Marvel que vous avez adoré ce film, je ne serais pas tenu pour responsable de votre lynchage en place publique.