Je vous ai déjà expliqué mon besoin irrépressible de mater des films de requins pourris en CGI. Et bien j’ai aussi besoin de regarder des films de zombies. Si je n’ai pas vu des morts vivants déambuler depuis un certain temps, ça me manque. Il faut dire que c’est grâce à un film de zombies que je suis tombé dans le cinéma d’horreur durant ma tendre enfance (merci Romero). Ce que j’aime bien aussi, c’est voir comment chaque pays traite du mythe du zombie. Du coup, j’ai pu voir du zombie autrichien, cubain, néozélandais, français, espagnol, norvégien, néerlandais, brésilien ou même slovaque. Vi vi, rien ne me fait peur en la matière. Et puis récemment, je suis tombé sur la bande annonce de Yummy, un film de zombies belge. Flamand pour être exact. Mon cerveau se met en marche et « Tiens, je n’ai jamais vu de film de zombies belge ». C’est normal en même temps, c’est le premier ! Il n’en fallait pas plus pour que je m’intéresse à la chose. Et c’était très bien !


En plus d’être le premier film de zombie flamand, c’est également le premier long métrage du réalisateur néerlandais Lars Damoiseaux, qui n’avait œuvré jusque-là que dans le domaine du court métrage. Il va s’agir ici d’un huis clos dans un hôpital de chirurgie esthétique d’Europe de l’Est pas bien regardant ni sur les normes d’hygiène, ni sur les normes de sécurité. Une sorte d’usine à refaire des nez, à gonfler des poitrines, à liposucer des ventres, ou encore à rajeunir ces dames, mais qui a le mérite de proposer des prix défiant toute concurrence. Mais bien entendu, cet hôpital cache un secret bien gardé. C’est ce que ne vont pas tarder à découvrir un couple de tourtereaux, leur mère, un chauffeur de stars, une personnalité incognito et tout un tas de patients. Le réalisateur Lars Damoiseaux ne s’embête pas avec 2h d’explications et fait en sorte que son histoire parte vite en cacahuètes. Il cherche à aller à l’essentiel afin d’éclater le spectateur et il y arrive grandement tant Yummy est un jeu de massacre souvent hilarant qui ne recule devant aucun excès gore. Question effets sanguinolents, l’amateur va être servi. Du bon vieux gore qui tâche, avec du faux sang, de la tripaille bien dégueux, et surtout une utilisation intelligente des CGI (entendez par là sans abus). Coups de hache dans la tête, zombie retenu que par son gros intestin, doigts coupés avec du verre, bras dans une broyeuse à papier, … Yummy est bien généreux en la matière. Mais là où le film fait également très fort, c’est dans son humour, avec des gags qui arrivent souvent au moment où on ne s’y attend pas. Le film a un côté très burlesque et certaines scènes sont à mourir de rire (la scène du pénis en feu). Des gags parfois très cons, parfois bien crades, mais qui fonctionnent dans le contexte du film.


La mise en scène de Lars Damoiseaux est bonne. Elle sait rester calme quand il y en a besoin et sait devenir plus frénétique quand il le faut. Le film joue énormément avec les couleurs avec un énorme travail sur les éclairages et les filtres de couleur. Néons bleus, vers, rouges, ou tout simplement lumière blanche froide, le film en jette pas mal visuellement. Le film se moque de certains codes du genre, comme par exemple le fait que, très souvent, il n’y a plus de réseau. Il s’amuse également avec les personnages qui sont aussi aux antipodes des productions habituelles. L’héroïne est une blonde aux gros seins, certes, mais elle est venue ici pour se les faire rétrécir (sacrilège crieront certains) car ça lui provoque des douleurs au dos. Le héros est un roux à lunettes pas spécialement beau, pas spécialement courageux. Un autre des personnages est là pour un agrandissement du pénis … Bref, ça change de d’habitude et ça amène parfois un petit côté impertinent car le film ose pas mal de choses. Yummy fourmille en effet d’idées toutes plus funs les unes que les autres, mais elles ne sont malheureusement pas toutes exploitées (la petite bestiole qui au final ne sert à rien), un peu comme si le réalisateur n’avait au final pas su quoi faire de tout ça. C’est dommage car dans son ensemble, Yummy est très bon, et surtout très bien emballé. Notons également une excellente bande son brassant tous les styles, faisant tour à tour penser à du 28 jours plus Tard, du Kavinsky, du rock anglais des années 70, ou encore de la techno allemande bien crétine.


Yummy est une comédie horrifique avec des zombies très réussie. Lars Damoiseaux nous prouve que, même si elle ne le montre que trop rarement, la Belgique aussi a du talent pour le cinéma de genre. C’est gore, on se poile méchamment, et on passe au final un très bon moment.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 31 août 2020

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