Ecrit pour ~Partage de films : édition mai 2016~ de Moon Lucide
Le monde visuel déployé dans ce film par Terry Gilliam est absolument magnifique et fourmille de merveilleuses idées, assurément.
Qohen, interprété magnifiquement par Christopher Waltz dans un rôle à contre courant de ses plus connus, vit dans une vieille église réaménagée lugubre et vit de pizzas, de manière solitaire, telle une tortue ninja des temps modernes.
Sauf que lui son truc c'est pas de lutter contre la criminalité -qui semble ici être éradiquée par le tout puissant big brother, qui en est de fait l'incarnation maléfique- mais de travailler pour elle, le fameux "Management", tout ça dans le but tant espéré de recevoir un coup de fil qui pourrait enfin lui révéler ce qu'il cherche depuis longtemps : Le sens de sa vie.
Qohen a dont fait le choix de vivre hors de ce monté cybernétique hyper coloré mais malgré tout assez salle et révélant une certaine pauvreté pour vivre reclus dans son église et éviter tout contact avec ses semblables.
Deux choix de lieues d'action intéressant, mais celui du monde extérieur est assez peu développé, à mon grand regret, on le traverse assez rapidement, c'est beau, c'est rempli de fulgurances assez marquantes comme ces panneaux publicitaires mobiles qui suivent les passants dans la rue pour les harceler, ce magnifique plan sur Qohen et Bob assis sur un banc d'une place lumineuse, ou tout le monde il est beau, mais contrastée par la présence en arrière plan d'un amas de panneaux d'interdictions, pour nous rappeler que le monde dans lequel on vit est bel et bien une dystopie, mais ça n'ira pas plus loin dans le développement de cet univers extérieur.
Car la plus grande partie du récit se situe dans le logement de Qohen où il travaille, et qu'elle se révèle assez souvent étirée sur des scènes sans trop d’intérêt, ou Qohen cherche désespérément à résoudre le "Zero Theorem", mission confiée par le grand Management, et ou une foultitude de personnages volontairement grotesque (mais pas vraiment intéressants, voir même assez lourds) viendront lui mettre des battons dans les roues, ou le distraire de son travail. C'est dans ces multiples apparitions de personnages aux rôles redondants que le film m'a perdu.
Bon nombre de scènes iconiques, de symboles parsemés par ci par là dans le film -à ce titre, l'église en est un en lui même, dernier refuge pour Qohen- qui auraient susciter mon intérêt si ils avaient été mieux intégrés au récit, enfin, si tant est que le récit et le propos aient été plus axés sur le monde extérieur et son aspect dystopique.
J'ai trouvé que le film se perd trop dans des scènes métaphoriques et symboliques sans réel impact, et je me suis un peu ennuyé au final.
Pas un mauvais film, mais pas un des meilleurs de Gilliam. Il m'a d'ailleurs paru un peu dépassé par notre monde actuel dans sa critique, multipliant les clichés sur les geeks, le travail aliénant du monde de l'entreprise, de la publicité et des entités invisibles et puissantes qui nous contrôlent, même si certaines idées sont particulièrement bien vues (cf ce que je disais plus haut, notamment, et d'autres trucs).
Je m'en vais retourner voir Brazil.