Zidane - Un portrait du 21e siècle par Aede

Malgré une idée originale et des images sublimes, ce documentaire en temps réel sur un des plus grands magiciens du football ne parvient pas à convaincre. Le tout manque cruellement de rythme et on en ressort frustré.

Philippe Parreno et Douglas Gordon sont des artistes contemporains réputés internationalement, mais on en vient à se demander si ce sont des amoureux du football. Le foot qu'on aime : dribbles chaloupés, coups de génie, suspens, voir le ballon vivre. Ici, on voit à peine le ballon. On voit Zidane déambuler sur le carré vert, chercher du regard ses partenaires, discuter avec l'arbitre, cracher... Et tout d'un coup le cuir arrive. Le temps s'accélère l'espace de quelques petits instants. On admire l'artiste au travail, magnifié par un dispositif technique hors norme et une équipe d'élite (Darius Khondji, Hervé Schneid...). Puis plus rien, le plus souvent on ne voit pas la fin de l'action. On entend le public applaudir, huer, siffler, le ballon frappé par les pieds de joueurs lointains et enfin les filets trembler.
On a beau aimer Zidane, le regarder de très longs moments sans rien faire lasse. Et puis c'est reparti, le ballon revient. Une accélération soudaine, superbe. Une montée d'adrénaline. Trop courte. En se concentrant sur une seule rencontre (un match de championnat sans enjeu particulier), les réalisateurs n'ont pas cherché à nous en apprendre plus sur le célèbre n°5 du Real. Mais simplement à proposer une œuvre d'art. Qu'on aime ou non. Un film qui laisse plus de place au travail ingrat (courses et appels inutiles), à l'attente et à la frustration, qu'aux gestes de génie de Zizou.

A la mi-temps, on a droit à une évocation d'événements d'importance de gravité inégale ayant survenus le 23 avril 2005, jour du match. Ce résumé subjectif laisse de marbre, tout comme le choix des musiques. On n'est que trop rarement pris dans l'action. L'ambition de faire vivre un match aux côtés de Zidane était très intéressante, mais le résultat n'est pas à la hauteur des attentes. Au final, Zidane, un portrait du XXIème siècle est un film dramatiquement froid et profondément ennuyeux la plupart du temps. Une déception au vu du potentiel contenu dans l'initiative et les images.