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Un film glaçant sur le totalitarisme

A travers le destin de Franz Walter [époustouflant Lars EIDINGER, qui jouait l’officier allemand désireux d’émigrer en Iran dans « Les leçons persanes » (2020) de Vadim Perelman] qui obtient un poste de professeur à Berlin-Est et un appartement confortable, en échange de travailler pour une section de la Stasi (ministère de la sécurité d’état), le H.V.A. (administration centrale de reconnaissance) qui s’occupe d’espionnage et de contre-espionnage. Il est affecté à la surveillance d’un footballeur professionnel qui a fui en R.F.A. (République Fédérale Allemande) pour jouer dans le club de Hambourg. Le film montre bien les méthodes employées en Allemagne de l’Est mais aussi dans tous les pays totalitaires : rendre les gens redevables (en échange d’une vie plus confortable, de soins donnés rapidement à des proches, de pouvoir voyager hors du pays et de ramener des produits occidentaux, etc.) et vulnérables (seuls ceux qui ont une attache en R.D.A. (République Démocratique Allemande) comme un parent ou une épouse, peuvent voyager car le risque de fuite est plus faible), constituer des dossiers (vie privée surtout), compromettre les proches ou même créer de fausses preuves. La reconstitution des appartements et des bureaux d’Allemagne de l’Est des années 1980, aux couleurs ternes allant du gris au beige, renforce l’atmosphère oppressante du régime. Idem pour l’incorporation de flashforwards. Petit à petit, Franz Walter prend conscience qu’il agit mal. Outre sa dénonciation du totalitarisme, le film qui s’inspire de la vie de Werner Teske, dernier condamné à mort exécuté en R.D.A. (en juin 1981), est aussi une dénonciation de la peine capitale, pratiquée encore par 53 pays dans le monde. En Europe, seules la Russie et la Biélorussie la maintiennent. Elle a été abolie en 1949 en R.F.A., en 1987 en R.D.A. tandis que les pays européens l’ont abolie dans les années 1970 à 2000, sauf l’Islande en 1928 et Saint-Marin en 1865.

bougnat44
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le 15 nov. 2022

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