Pour mon 2000ème film, je me suis dit qu’il fallait marquer l’occasion avec un film à la hauteur de l’évènement, c’est donc tout naturellement que je me suis porté vers le Star Wars Holiday Special. Puis quand je me suis rendu compte que j’avais encore un minimum de volonté de vivre, j’ai décidé d’essayer de voir un bon film, pour changer. Et comment trouver plus marquant qu’une fresque épique de 4h se passant dans le Taiwan des années 60 ?


On va pas se mentir, la durée se fait sentir, pour le coup j’ai fait l’erreur de le regarder en étant malade, donc ça amplifie un peu le tout, malgré les deux siestes pendant le film (oui, je fais des pauses pendant les films et je vous emmerde). Et en plus de ses 4h, le film a un rythme bien lent. Tout ça combiné à mon mauvais goût légendaire, on était bien partie pour une nouvelle catastrophe opiniataire de ma part. Est-ce que ça aurait été si controversé cela dit ? Le film d’Andrew Yang a beau être très bien côté, figurant notamment dans le top 10 du site Letterboxd, sa distribution catastrophique jusqu’à la réédition et restauration opérée par Criterion il y a peu en faisait une perle cachée.


La chose la plus marquante de ce film est sans doute sa photographie, peut-être la plus belle que j’ai pu voir dans n’importe quel film, chaque plan est une œuvre d’art, pas un seul n’a l’air d’avoir été bâclé ou rajouté sur le fil, qu’il s’agisse de l’utilisation des couleurs, des lumières, ou de l’obscurité, rien ne laisse à désirer, et la variété des choix effectués provoque un orgasme à chaque nouveau plan. Sans cette photographie d’exception, j’imagine que le reste du film aurait sans doute été une plaie à suivre, car le tout met du temps à démarrer, Yang préférant poser avec calme ses personnages et l’époque très conflictuelle dans laquelle ils vivaient. Histoire de ne pas aider les choses, et sans faire de Kiracisme, tous les personnages se ressemblent, ils sont tous bruns, jeunes, avec la même coupe et le même uniforme. J’ai beau avoir passé 4h avec eux, je serais toujours incapable de décrire les liens qui les unissent, malgré tout le temps que le film passe dessus.


Je dois avouer que malgré ça, j’étais pas loin de lâcher le 10. Les 3 premières heures, malgré ces défauts que j’ai cité, sont absolument parfaites, et un grand moment de cinéma qui culmine sur une scène d’une violence sans nom. Tout ce temps à développer les personnages, leurs relations et leurs conflits permet de conclure la troisième heure sur une scène aussi marquante. Le truc, c’est qu’après, il restait encore une heure, et que j’étais de plus en plus malade, au point où je serais incapable pour l’instant de savoir si c’est la baisse soudaine d’intensité du film, mon état, ou un mélange des deux, qui a rendu le final d’une longueur assez gênante cette fois-ci, malgré la photo toujours aussi parfaite. Le film arrive cependant à aboutir sur un climax très satisfaisant, faisant prendre un tout autre sens au reste du film, et remettant en question tous les sentiments qu’on a ressenti devant lui.


Plus qu'un film, A Brighter Summer Day est une leçon de cinéma qui se doit absolument d'être vue, si possible sur une télévision réglée à la perfection pour pouvoir admirer chacun des plans orgasmiques de ce chef d'oeuvre.

KiraYagami
10
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le 4 déc. 2019

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KiraYagami

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