Fantasmagorie
Avec une économie de moyens, une poignée d'acteurs et une intrigue plutôt simple, Benoît Jacquot parvient à réaliser un film juste, profond et intérieur, se distinguant du précédent Journal d'une...
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le 7 juin 2017
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Avec une économie de moyens, une poignée d'acteurs et une intrigue plutôt simple, Benoît Jacquot parvient à réaliser un film juste, profond et intérieur, se distinguant du précédent Journal d'une femme de chambre (voir lien ci-dessous) qui flirtait avec le mélo, alors que ce dernier puise plutôt du côté du fantastique voire du thriller psychologique (plutôt psychologique que thriller d'ailleurs).
Si le premier tiers du film se focalise principalement sur l'histoire d'amour qui se noue entre l'écrivain Rey (Mathieu Amalric) et l'artiste Laura (Julia Roy) et ne revêt à nos yeux pas d'intérêt particulier, le reste se révèle pour le moins intrigant, exerçant une certaine fascination à travers le sentiment d'inquiétante étrangeté qui s'en dégage. En effet, la plongée dans l'intériorité de l'âme esseulée de Laura (souvent filmée en gros plans) littéralement enfermée dans sa splendide maison au bord de la mer tout comme dans son obsédant délire schizophrénique de jeune veuve ayant perdu une part d'elle-même fait prendre un virage surprenant - même si certains indices nous préparaient subtilement à la suite. Outre le délicieux effroi de ce voyage intérieur (on pense à ce magnifique gros plan sur Almaric, au visage livide qui apparaît la nuit soudain de l'autre côté du lit), Jacquot propose derrière la tenace névrose découlant de cette séparation brutale ce que beaucoup ne sont semble-t-il pas arrivés à voir, c'est-à-dire une vraie réflexion sur le couple, interrogeant sans cesse les frontières entre l'autre et le moi, l'unité et la dualité, la présence et l'absence, la solitude et la vie à deux.
S'il est vrai que le cinéaste certainement contraint par des exigences de temps du producteur P. Branco bâcle un peu son travail en nous offrant trop rapidement les clés de ce mystère (mettant ainsi d'emblée à distance tout suspens pour se concentrer sur les troubles mentaux de Laura), insistant beaucoup trop sur les mêmes scènes (ou presque), devenant donc répétitif et lassant, il est important de le défendre malgré tout car sa démarche quoique trop hâtive et précipitée demeure pertinente, osée et troublante.
https://www.senscritique.com/film/Journal_d_une_femme_de_chambre/critique/122726645
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le 7 juin 2017
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