Quand un ancien rédacteur du magazine Mad Movies passe derrière la caméra, il faut forcément s'attendre à un film que votre mère risque de ne pas apprécier et c'est à plus d'un titre que ce premier essai le confirme. Comme Roman Polanski, avec son fabuleux Rosemray's Baby, on nous offre une lecture de ce que toute personne confronté à la paternité/maternité sait: un bébé c'est flippant !

Néanmoins on arrête immédiatement les comparaisons avec la perle psychologique et effrayante de notre réalisateur polonais favoris puisque Alexandre Bustillo (l'ex-madeux) et Julien Maury ne sont pas du tout sur la même échelle. Ici on préfère montrer que suggérer, l'adjectif qui conviendra le mieux pour décrire rapidement la démarche des deux réalisateurs est... frontale.
Ainsi on prend une situation classique: une maison isolée car en pleine campagne, et c'est Noël donc tous les voisins sont partis, une femme seule et désespérée et une inconnue sortant d'un CAP boucherie.
L'originalité de la situation viens donc de l'héroïne enceinte, détail pas anodin puisque la mystérieuse inconnue veut lui prendre ce futur bébé.

Premier point à soulever c'est justement ce fameux bébé qui ne servira ,en définitive, que de moteur narratif, les aspects particuliers et angoisses liés à la naissance ne sont que trop peu exploités ou alors plutôt mal (le cauchemar de la mère en début de métrage est quand même un peu pourri). Dommage le film passe un peu à côté de questions ou situations qui peuvent se poser au court du film. Le noeud psychologique du film se noue donc autour de la relation entre ces deux femmes voulant le même bébé, et à ce petit jeu si Alysson Paradis s'en sort bien malgré quelques passage irritant ( Lorsqu'elle joue la fille désabusé c'est vraiment trop forcé, peut être les dialogues n'aident ils pas) mais c'est définitivement Béatrice Dalle qui vampirise le film, elle est tout simplement époustouflante avec sa furie destructrice aux accents de mélancolie. Un grand numéro qui, il faut bien le dire, porte totalement le film et lui offre la substance que le scénario ,efficace mais un peu trop mécanique, peine à donner.

Car si le film est vraiment "généreux", il ne sait pas pour autant canaliser ses énergies. Le duo de réalisateur choisit de ne se poser aucune limites et si effectivement le déferlement de violence à l'écran balaye toute concurrence tout en évitant la majorité du temps la gratuité totale (belle prouesse), parfois la mécanique dérape un peu faute de retenue. Ainsi on se demande parfois si tel ou tel plan ultra gore n'aurait pas mérité d'être enlevé car les effets sont trop voyant, comprendre cheap, ou donnent une impression étrange.
De plus le film accumule des facilité scénaristiques parfois grotesques: Le coup de la mère gros comme une maison, le flic qui trouve que rallumer la lumière c'est plus important que de prévenir ses collègues alors même que sa voiture est garée juste devant, un flingue qu'on abandonne comme ça, des objets dont on se demande bien ce qu'ils font là.
De plus le film s'alourdit d'une symbolique pas subtil pour un sous: le cauchemar donc, mais aussi le numéro de la maison, l'espèce de fumée dans la maison sans explication ou bien Alysson Paradis en robe légère blanche VS Béatrice Dalle en Robe sophistiquée Noir de jais.
Au final si le début du film parvenait à créer une certaine tension et une peur réelle via une belle intelligence de mise en scène, l'introduction de l'inconnue dans le récit restera un des meilleurs moment du film, plus on avance dans le film et moins on a peur. Au mieux on sera juste dégouté. La démarche est sans doute tout à fait volontaire et on peut dire que c'est efficace puisque certains moments sont vraiment difficiles à encaisser. Mais au pire on rigolera ce qui est bien dommage... mais malheureusement compréhensible.

Le point culminant étant sans aucun doute la fin du film avec son twist facile et son climax ridicule et assez incompréhensible au croisement de La nuit des morts vivant, de fenêtre sur cour et de Rahan (véridique) se vautrant dans le gore complaisant.

Le film possèdes des qualités évidentes (Béatrice Dalle, le contexte sur la crise des banlieue présent sans être lourdingue, le montage excellent, la musique même si un peu trop sur-mixée colle parfaitement aux séquences) mais possède des défauts qui peuvent plombant pour peu qu'on soit de mauvaise humeur.
La belle initiative d'affronter le genre sans second degré est a saluer même si, surement dépassés par leurs idées, les deux réalisateurs se mélangent un peu les pinceaux et n'empêchent pas certaines séquences de sombrer dans le ridicule le plus total malgré toute leur bonne volonté. Essai pas inintéressant qui demandera à être transformé.
Allez les gars, on y croit !
Vnr-Herzog
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le 8 mai 2010

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