Que c'est mauvais !

La caricature du mauvais cinéma français, dont on n'aura décidément pas fini de devoir se moquer. Tout y est : du pathos à gogo, à la fois social, affectif et politique; du self made man; de la mauvais réalisation; du mauvais jeu d'acteur; un scénario lourdingue qui se raccroche au fait d'une histoire vraie pour acheter sa crédibilité, etc.

Commençons par le plus classique : bande son avec piano et violon en continu, sur des scènes de ralentis façon publicitaire sur des zooms insistants d'un regard faussement inspiré, en veux-tu en voilà; on vous arrache votre larme à l'oeil sur fond de compassion social forcée. Et allons-y : l'Arabe, le Noir, l'Asiatique, le tout sous le patronage bienveillant néo-colonial du "français de souche" bien moustachu à l'ancienne. C'est risible, minable, un antiracisme de façade très humiliant pour le vu-revu "jeune de quartier en difficulté avec un père absent et une maman névrotique". Tous les clichés se cumulent et s'accumulent dans une cascade de scénettes risibles tant elles sont prévisibles. On devine absolument tout à l'avance : le drame du frère décédé, la maman malade et qui meure le soir du sacre au concours, la fugue, l'accident de la première pièce montée, de croiser Légitimus dans son job de barman, etc etc etc. On voit tout venir à des kilomètres et on se fait chier, mais tellement chier.

Allez, encore un peu de pathos pour la route ?

Pour finir, la réalisation pathétique du pathétique se veut à la gloire de l'idéologie capitaliste du self made man : partir de rien, et arriver au sommet du monde (au sens littéral). Une sorte de "Rocky" à la française, tout en faisant un peu de pub patriotique au folklore de la gastronomie française au passage, ça ne fait pas de mal. Si je suis en bas de l'échelle sociale, je ne suis jamais qu'un "défavorisé", et non pas un exploité, c'est du pas-de-bol compensé par l'éloge orgasmique du travail méritocratique. Démarrer en bas de l'échelle, c'est une chose, mais y rester ou en sortir, ça ne dépend que de moi. Vive la sueur ubérisée ! Le travail rend libre, qu'y disaient ! Si lui le peut, tous le pouvons. Vive la concurrence, vive la sélection naturelle dans la loi du plus fort du marché, vive les méritants et mort aux résignés de la machine d'écrasement social (que deviennent les autres gamins du foyer ?). Vive la réussite et la volonté individualiste !

Bref, du caca, même avec de la chantilly, ça reste avant tout du caca.

makhno_guy
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le 15 sept. 2023

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makhno_guy

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