Left Luggage est un véritable chant d'amour. Si c'est une ode à la tolérance, c'est aussi et simplement une ode à la vie. Cette vie, éphémère et non sans difficulté, nous amène à croiser des êtres qui nous permettront de nous enrichir et de nous faire grandir. Ainsi, Simcha, petit garçon de quatre ans, verra sa vie changée par l'irruption de Chaya, une femme libre et indépendante qui se moque bien des règles qui régissent le quotidien de la famille Kalman.
La complicité qui s'installe entre ces deux êtres est absolument merveilleuse, de par cet état de confiance qui va s'installer dans le coeur du garçon. Il s'ouvre à la parole alors qu'il n'avait jusque là jamais prononcé un mot, ses sourires témoignent de son amour pour elle, ainsi que ses "Please don't break your neck" et ses "c'est long comment une semaine ?".


Ce film a bien plus qu'une valeur universelle, on retrouve bien sûr les thèmes de la religion et de la discrimination, mais aussi plus généralement ceux de l'éducation et de la différence. Et si il traite de la reconstruction d'après guerre, c'est en fait le positionnement de l'homme face au passé qui est abordé. D'où la métaphore des valises que le père de Chaya cherche en vain et ne trouvera jamais, comme ces souvenirs qui resteront derrière nous pour toujours.


Aucun re-visionnage ne parvient à faire baisser d'intensité cette fin, qui, même si elle peut faire venir les larmes, ne frappe jamais à la porte des pièges du mélodrame. La caméra parvient comme à filmer la mort elle-même dans un magnifique plan-séquence, lente descente aux enfers le long des fenêtres d'un immeuble, que l'on pourrait assimiler à la propagation progressive de l'horrible nouvelle dans le coeur de celui qui reste.


Ne jamais partir sans dire je t'aime, cela peut paraître si simple au premier abord, et pourtant, derrière cette banalité se cache l'un des messages les plus riches de sens. La vie n'a pas de durée pré-définie, il n'y a pas d'ordre des choses et si l'on peut mourir de vieillesse, on peut aussi mourir bien avant son heure : les ainés peuvent précéder les plus jeunes, mais l'inverse est tout autant envisageable. Aussi anodin que cela puisse paraître, ce film nous amène à nous poser des questions comme "Nous reverrons nous demain ?".
C'est un film simple, du même calibre que l'étoffe d'un coeur pur, c'est un film vrai. Une Laura Fraser absolument rayonnante, merveilleuse de naturel, un petit Adam Monty craquant au possible, adorable et juste, et une Isabella Rossellini calme et sereine mais extrêmement touchante. Left Luggage est un petit trésor, car il porte en lui le précieux secret qui est au coeur de la vie, l'amour...


Nb : Trois notes sur senscritique ? Non mais faites moi rire !!!!

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le 11 juin 2012

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emmanazoe

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