La déportation est malheureusement un sujet quasiment inépuisable et les angles sous lesquels on peut le prendre sont infinis. On nous offre ici un regard sur l'après, sur la reconstruction et les séquelles. J'ai vraiment eu le sentiment d'assister à une ébauche de film. Les souvenirs sont évoqués de manière lapidaire sur un ton neutre au possible, et puis on passe à autre chose. Les conséquences psychologiques sur les personnages tirent parfois sur la caricature : une acheteuse compulsive, une grande timide, une femme endurcie et libre... Tout ça manque pas mal de psychologie... Ce sont plutôt des caractères que de véritables personnages de chair et de sang. J'en retire une sensation d'inachevé, de superficiel. Et ça m'a beaucoup gênée, étant donné le sujet initial...
L'histoire qui sert de prétexte à ces réminiscences version haiku est quasi inexistante. Il ne se passe strictement rien pendant ce séjour, et ce n'est pas fait exprès pour laisser la place à l'émotion, car elle est elle aussi presque absente. L'amourette avec l'animateur du club Mickey est cliché et simpliste, et surtout, elle impose un personnage qui arrive comme un cheveu sur la soupe et est complètement stérile.
Il y a quelques beaux plans comme celui des retrouvailles sur le parking, les tenues de Rose valent aussi le coup d'oeil, mais globalement le tout est assez sobre. J'ai trouvé les dialogues et le jeu vraiment mauvais : tout est dit sur un ton saccadé et complètement neutre puis tombe à plat. Je n'ai trouvé aucune spontanéité dans ce film, on se croirait devant une pièce de théâtre à une kermesse. Grosse déception...