De manière assez improbable et à la bonne surprise de tous, la cuvée 2014 de la comédie made in France fut l'une des plus jouissives et qualitatives que l'on a pu admirer en salles depuis bien longtemps.


Des premiers films hautement recommandable (Babysitting, Situation Amoureuse : C'est Compliqué, Lou ! Journal Infime), des péloches drôles et aux propos pertinents (Hippocrate, Libre et Assoupi) aux retours attendus (la suite des Trois Frères, celui du duo Ngijol/Eboué avec Le Crocodile du Botswanga) en passant par des comédies populaires triomphantes à outrance au box-office (Supercondriaque et Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, nettement inférieurs aux titres précédemment cités), il y en a eu pour tous les gouts.


Un éclectisme remarquable qui a permit de sacrément relancer la distribution francophone face à l'écrasante suprématie ricaine dans le genre.


Du coup, nous étions sérieusement en droit à nous attendre, en bons cinéphiles exigeant que nous sommes, que 2015 se déroule sur les mêmes auspices.
Et inutile de dire que l'année avait commencée sur les chapeaux de roues, avec les excellents Papa ou Maman, Toute Première Fois, Caprice ou encore Le Talent de mes Amis.


Raison de plus pour attendre avec une furieuse impatience la sortie du A Love You de Paul Lefèvre, ou l'autre grand gagnant du dernier Festival de la comédie de l’Alpe d’Huez avec Toute Première Fois, ou il a glané le Prix Spécial du Jury.


Premier long du cinéaste et tourné à la va-vite en un tout petit peu plus de vingt jours, le film, fleurant bon les buddy movie comique des 80's (La Chèvre et Marche à l'Ombre en tête, évidement), pointe enfin le bout de son nez dans les salles obscures hexagonales précédé d'un buzz qualitatif des plus flatteurs, même si son excellente et désopilante bande annonce plaidait déjà joliment pour sa cause.


A Love You ou l'histoire de Manu, un étudiant en médecine qui suite à une soirée des plus arrosées, passe la nuit de ses rêves avec une belle inconnue.
Le hic, c'est que le lendemain matin, il se réveille seul avec un message sur son bras lui donnant rendez-vous à Avignon.


Persuadé qu’il s’agit de la femme de sa vie, il est prêt à tout pour la retrouver.
Dès lors, il embarque, malgré lui, son meilleur pote Fred sur la route.
Mais ce qui semblait être une simple virée entre amis va vite tourner à la catastrophe…


Pur road movie à la française, drôle et au capital sympathie énorme, A Love You n'a que pour seul ambition de faire rire son spectateur et force est d'admettre qu'il y arrive quasiment à tous les coups, grâce à un scénario malin se basant sur une multiplications de situations/rencontres diverses (Dominique Pinon, immense) complétement invraisemblables et savoureuses, ainsi que par un sens du dialogue irrésistible.


Partant d'un postulat de départ des plus simples (Manu part avec son BFF en quête de sa conquête, potentiellement la femme de sa vie), Lefèvre signe clairement un vrai film de potes intelligemment rythmé - aucun temps mort n'est à signaler durant sa courte heure et demie -, un chouia critique de notre société actuelle (la société 2.0, notre rapport aux réseaux sociaux biaisant nos relations sentimentales/amicales avec les autres), assumant ses faiblesses - ainsi que ces lourds clichés - et porté par quelques jolies envolées romantiques (dès son pitch, le film démontre qu'il n'est pas qu'une simple comédie).


Profondément indépendant (le cinéaste à un contrôle total sur son œuvre, inspiré de son court-métrage de fin d'études), cocasse et aux thèmes universels, porté par un trio vedette fonctionnant à merveille - surtout la charmante Fanny Valette - et à l'étonnante alchimie; A Love You ne propose certes rien d'original, mais divertit grandement son spectateur et s'inscrit sans conteste dans la droite lignée rafraichissante des excellents premiers films comiques comme le délirant Babysitting l'an dernier, lui-même lauréat en son temps au Festival de l'Alpe d'Huez.


Bref, un premier film populaire hautement enthousiasmant et passionné, qui nous démontre sans forcer que cet été, il n'y aura pas que les grosses comédies US pour nous permettre de nous bidonner dans les salles obscures...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2015/06/critique-love-you.html

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le 8 juil. 2015

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