actiongirls.com volume 1
actiongirls.com volume 1

Film DTV (direct-to-video) de Scotty Jx (2005)

Actiongirls.com, gros pétoires et jolies poupées mais le pétard est mouillé

Au petit jeu des comparaisons, les franchises Bikini Bandits et Actiongirls partagent suffisamment de points communs et qui en disent long sur leurs publics. Toutes deux nées sur internet au début des années 2000 avant d’être déclinés en quelques DVD, elles mettent en « valeur » des femmes très peu vêtues armées de flingues. C’est aussi simple que ça, même si au petit jeu hypothétique des salutations du Maître Russ Meyer, l'une et l'autre n'auraient pas le même engouement.

Toutes deux répondent au fantasme masculin de la femme forte qui manie les armes avec dextérité, et qui n’a pas froid aux yeux ni à l’épiderme qui, pour preuve, est peu couvert. Bikini Bandits a tout de même pour ambition de proposer une histoire, certes foutraque, mais dont la folie punk et délirante assure un minimum de sympathies pour le spectacle faussement décadent proposé.

Ce DVD d’Actiongirls.com nous propose tout de même une histoire, déroulée en introduction avec son bandeau de texte réalisé sur un logiciel vaguement. Il y est question d’un futur proche, d’épidémies et de gangs qui capturent des jeunes femmes. Mais certaines d’entre elles refusent ce sort et ont pris les armes pour se défendre.

Cela ferait un habituel pitch de film de série B qui louche sur du Mad Max, mais l’introduction de ce contexte sera quasiment la seule tentative pour apporter du fonds. Il y a quelques rares personnages secondaires masculins, rarement longtemps à l’écran et pour cause, car les héroïnes sont bien ces jeunes femmes.

Entrecoupé en différentes saynètes, on y voit ainsi une jeune femme patrouiller dans les décors d’une usine abandonnée, tirer dans le décor, parfois sur certains ennemis mal habillés, et ainsi de suite. Il y a quelques scènes un peu différentes, comme une partie de carte ou du coupage de bois, mais l’essentiel est bien là, des jeunes femmes et des flingues.

Dans un futur où les soutiens-gorges n’existent plus, ces modèles portent ainsi des vêtements moulants et vaguement militaires qu’elles quitteront bien vite, dans le futur il fait chaud, c'est la faute du réchauffement climatique, évidemment. La première scène de nudité surprend, quand la personne en question décide de jouer une partie de cartes en solitaire torse nu, pourquoi pas si ça l’aide à se concentrer sur ce jeu très exigeant intellectuellement, mais bien vite il n’y a plus de vagues excuses pour dénuder les modèles.

La demi-douzaine d’actrices convoquées pour mettre en avant leur plastique reste heureusement dans l’ensemble assez jolie. Et même si elles ont toutes une allure assez proche de la taille mannequin, le casting joue avant tout sur les différences pulmonaires des femmes, du petit modèle à la version plus lourde, et sur les coupes de cheveux.

En dehors de quelques seins siliconés un peu trop visibles, leur belle plastique sera mise en valeur par le réalisateur Scotty JX (pas du tout un pseudo, allons), particulièrement adepte de la contre-plongée (on se demande pourquoi). Quelques plans plus franchement idiots et vulgaires seront tout de même de la partie, notamment pour certaines scènes où les actrices se dandinent et se déhanchent devant la caméra, comme dans un banal strip club. Ce ne sont pas les meilleurs moments, rappelant un peu trop brutalement qu’il ne s’agit que d’un film érotique, rien de plus, douchant le maigre espoir d'avoir un peu de maturité.

Pourtant, assez curieusement, une fascination s’opère par intermittences devant le film et ses obsessions. Il y a bien sûr ses scènes annexes, parfois surprenantes, dont la partie de cartes ou le bucheronnage, toujours à poil bien sûr, mais aussi de l’entêtement du film à faire utiliser à ces filles toutes les armes possibles et imaginables comme un catalogue irréel de La Redoute aux pages explosives.

Dans ce futur, donc, les munitions ne semblent pas manquer, car les filles tirent dans le décor, majoritairement hors champs, et même dans les espaces plus clos. La démarche n’est guère crédible, hormis celle de montrer des « action girls », après tout c’est dans le titre.

La production semble avoir cambriolée l’armurerie locale, car tout y passe, et cela commence par des pistolets, des fusils d’assaut, mais on y trouve aussi un mini-gun, un lance missiles, un lance-flammes, toutes ces armes étant bien sûr utilisées par les comédiennes, bien qu’il n’est pas certain que toutes les consignes de sécurité aient été respectées. Il y a même des explosions, avec l’action girl qui s’avance vers la caméra, classique.

Le langage cinématographique reste tout de même bien maigre. C’est amusant, mais vite répétitif. C’est un enchaînement de scènes, sans le moindre effort de construire quoi que ce soit, probablement extraites du site internet sans proposer un liant. Les femmes en question qui semblent appartenir au même clan ne se rencontrent jamais, d’ailleurs il n’y a aucune parole, ni même de voix off. C'est du « sois belle (et bad ass) et tais toi »). Et puisqu’il n’y a rien à comprendre, l’intérêt est à peine relancé par quelques pétarades.

C’est un peu regrettable, car il était possible de faire mieux. En dehors de l’insupportable musique en arrière-plan sonore, caricaturale et digne des téléfilms ennuyeux du dimanche après, l’oeuvre de Scotty JX est d'honnête facture, dans sa modeste catégorie. Scotty JX, qui est scénariste, producteur, réalisateur, monteur et directeur du son, rien que ça, ne semble pas être un incapable.

Les séquences, filmées en extérieur, sont assez réussies, avec quelques plans un peu plus travaillés, comme ce reflet dans une flaque. Dommage que quand les scènes sont plus explicites, l’ensemble se montre plus convenu, donnant au public attendu sa dose de chair encore plus décérébrée, mais il y a malgré tout une certaine volonté de faire de ses actrices des modèles, tirant et prenant la pose, telles les femmes d’action dangereuses qu’elles sont sensées être. Quitte à être un peu caricatural parfois, mais cela fait partie des réjouissances bisseuses qu’on peut trouver devant cette œuvre.

En dehors de quelques plans au début dans une industrie de sidérurgie en activité, l’intégralité du film se déroule dans une usine abandonnée, un cadre toujours adéquat pour un film post-apocalyptique, fut-il aussi léger que celui-ci. A la vue des quelques panneaux restants, elle semble se trouver en Europe de l’Est. Le cadre a tout de même un certain charme très Urbex, avec ses locaux délaissés, ses murs délabrés, ses équipements et ses tuyaux abîmés, avec la végétation qui reprend ses droits, recouvrant cette création des hommes.

Le contraste est ainsi saisissant, entre ce décor délaissé, abandonné par les hommes, et ces femmes comédiennes, pleines de vie, sur le qui-vive d’une menace vaguement identifiée, faisant parler la poudre.

Est-ce suffisant ? Non, bien sur que non. Il faut être sacrément curieux et avoir un fétichisme prononcé pour les jeunes femmes militarisées pour endurer jusqu’au bout cette œuvre composite, composée de plusieurs scènes assez vite répétitives dans un montage d’1h30. Est-ce que le tout est vraiment sexy ? Il peut l’être parfois, peut-être plus pour les amateurs de ces fantasmes assez américains, mais les bâillements répétitifs atténueront les éventuelles montées de température.

Les bandes annonces sur le DVD permettent de découvrir que d’autres productions Actionbabes de ces années essaieront de proposer un peu plus d’ambitions que ces scènes découpées et assez répétives, en tentant notamment de proposer une histoire, des personnages qui interagissent entre eux et des dialogues, et bien évidemment des jeunes filles badass avec leurs flingues. Il n’est pas improbable qu’une certaine curiosité de ma part ne me pousse à les découvrir et voir si les promesses de ces trailers ne sont pas de la poudre aux yeux.

Le site Actiongirls.com existe toujours, Scotty JX est toujours aux commandes, mais ce qui est actuellement proposé semble bien moins qualitatif que ces productions des années 2000. C'est un peu cheapos et vulgaire. Je vous déconseille de consulter le site lors de votre journée de travail ou pendant un repas de famille.

SimplySmackkk
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le 23 mars 2024

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