Ce qui nous lie

D’ordinaire, les films en quasi huis-clos ont du mal à retenir mon attention au-delà de 45 minutes. Adam, si.
Quelque chose me touche. Un traitement visuel, une proximité de l’objectif avec les visages, les corps, les traits tirés et graves des deux femmes, la dureté de leurs regards face à la douceur de leurs gestes. L’absence de maquillage ou de fioriture, la vérité des corps et des âmes.
J’aime la chaleur de l’image, la mise en valeur des matières, de la peau, de la pâte avant de passer au four, l’intensité des échanges entre les personnages, l’âpreté du jeu des deux actrices, le minimalisme et le réalisme des plans. Le fait de les voir mettre les mains à la pâte, dans la pâte. Leurs mains qui luttent et se battent avec les douleurs du quotidien, leurs dilemmes intérieurs. Leurs mains comme vecteurs de sentiments, d’émotions, d’énergie.
Adam, c’est la rencontre de deux femmes, Abla et Samia, et d’une petite fille, Warda, qui sert de liant entre les deux. Comme l’eau et la farine auraient besoin d’un peu de cuisson pour révéler leur véritable goût, leur saveur commune. La petite fille, c’est le miel qui les réunit, les fait tenir ensemble, le sucre qui les adoucit, les apaise.

Une œuvre intime, captivante, qui filme au plus près trois générations de femmes, en plein Maroc contemporain. Aussi sensuel que politique, dans un pays à la culture encore intransigeante avec les mères célibataires. 

Au-delà du thème de la maternité, Adam est un film sur l'humanité et sur ce qui nous lie, nous remue et nous (é)meut.