Il est de ces films qui, en dépit de leurs défauts et de leur inachèvement manifestes, exercent néanmoins un charme discret sur le spectateur, de par une très grande naïveté dans la réalisation de leurs idées excentriques. 30 years of Adonis est de ceux-ci ; le décalage entre la sincérité de la réalisation, la volonté d’exprimer quelque chose de personnel, et la réalisation effective de cette volonté, imparfaite, incomplète, incite à la plus grande des indulgences. Il ne s’agit pas de condescendance, mais au contraire d’un très grand respect envers ce que l’on croit être l’intention du film, intention qui, en l’occurrence, nous paraît être extrêmement riche et généreuse.


Le propos de 30 years of Adonis, et ce sera là son premier défaut (on expliquera plus loin pourquoi), ne se dévoile qu’à la toute fin. Ca n’est que là que nous comprenons que le film était bâti sur une sorte de structure en contrepoint : les interviews de fin devaient agir en contrepoint de l’histoire racontée au cours du film ; il fallait que ces deux parties dialoguent entre elles selon tout un jeu de renvois et d’allusions extrêmement prometteur. Mais ces deux parties, sont, pour la première, trop inconsistante, hésitante, pour la deuxième, trop hachée, expédiée, pour acquérir une cohérence et une autonomie qui leur soit propre, pour qu’un réel propos soit formulé dans chacune de ces parties ; ce qui, par suite, empêche de créer le dialogue.


Nous nous proposons, dans un premier temps, de reconstituer ce propos que nous avons cru percevoir dans le film, d’en exposer les promesses et les richesses qu’il nous semble contenir ; puis, dans un second temps, de montrer où le film manque la réalisation de ce propos, où il flanche, afin de marquer la distance entre le propos qui aurait pu être tenu et celui qui est réellement tenu. Cela non pas pour montrer ou pointer du doigt de manière insistante l’échec du film, mais au contraire pour lui attribuer toutes les richesses que nous serons amené à décrire ; car nous partirons exclusivement de ce que le film nous offre, nous bâtirons notre propos sur l’embryon que nous croyons percevoir dans le film, de sorte que toutes les idées que nous développerons seront l’entière propriété du film.


Lire la suite...

Hétérotopie
5
Écrit par

Créée

le 7 oct. 2017

Critique lue 1.7K fois

6 j'aime

1 commentaire

Hétérotopie

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

6
1

D'autres avis sur Adonis

Adonis
FD29200
2

Critique de Adonis par F P

Je ne comprends pas le but de ce film. Voyeurisme, exhibitionnisme, bordélisme. Rien ne va.

Par

le 10 oct. 2023

Du même critique

Sauvage
Hétérotopie
6

Contre la normalisation

Dans les années 70, alors que bat son plein ce que l’on appelle communément la “Révolution sexuelle”, ont fleuri des revues et des journaux militants homosexuels, transgressifs et provocateurs. À la...

le 29 août 2018

7 j'aime

Moonlight
Hétérotopie
5

Frustration plastique

Au sortir d'un tel film, difficile de réellement séparer le fond de la forme. Son importance politique n'est pas sauvé par la plastique de l’œuvre, d'une relative médiocrité. Relative car elle a le...

le 6 févr. 2017

7 j'aime

Adonis
Hétérotopie
5

L'objet du désir

Il est de ces films qui, en dépit de leurs défauts et de leur inachèvement manifestes, exercent néanmoins un charme discret sur le spectateur, de par une très grande naïveté dans la réalisation de...

le 7 oct. 2017

6 j'aime

1