Voici un film qui serait sans doute passé totalement inaperçu dans mon parcours de cinéphile si mon cher cousin si friand d’Histoire et surtout d’exactitude historique (il a pleuré et vomi devant la Marie-Antoinette de Coppola fille) ne me l’avait pas recommandé.

Voici aussi un film qui prouve encore une fois que l’athéisme est vraiment la plus belle religion qui soit.

Nous rencontrons Hypatie, brillante philosophe et mathématicienne, qui va répandre son savoir dans une Alexandrie du Vème siècle après Jésus Christ en proie à un tiraillement religieux plus que douloureux. Notre héroïne, campée par une Rachel Weisz très juste, est passionnée d’astronomie et désireuse de percer le mystère de notre système solaire. De leur(s) côté(s), les Chrétiens, les Juifs et les païens polythéistes (en passe ou non de se convertir) ne gravitent pas dans les mêmes sphères et préfèrent se bastonner pour savoir qui a raison et a qui appartiendra la cité.

Le film de Amenabar réussit à dérouler finement les différentes étapes de ce conflit dont l’un des pires drames (je mets de côté les odieux massacres de croyants de tous bords, après tout, ils l’ont bien tous cherché) fut la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie. Sous des airs de film à gros budget qui va piller gaiement un moment de l’histoire de l’Humanité avec des beaux américains en guise de Grecs et d’Égyptiens qui parlent un anglais aux accents londoniens, Agora se révèle en fait un très beau film, d’une simplicité et d’une rigueur appréciables. Le personnage d’Hypatie est profondément attachant, véritable électron libre dans ce marasme politico-religieux et qui ne souhaite qu’une chose : découvrir le secret des étoiles. Un secret scientifique, cela va s’en dire.

D’ailleurs, les différents plans de l’espace que Amenabar choisit d’intercaler dans Agora donne un sens magnifique au film, renvoyant à la fois aux recherches d’Hypatie mais également à la petitesse de notre existence et de ces guerres qui deviennent complètement ridicules face à la grandeur de l’univers.
Cela peut paraître simpliste mais il suffisait d’y penser. Je n’avais pour ma part jamais vu un film « d’époque » inclure des images de l’espace qui se rapportent très souvent à une notion futuriste alors que l’univers était là bien avant nous. J’ai donc trouvé cette idée fort judicieuse.

La petite histoire dans la grande est elle aussi tout à fait intéressante. Entre le personnage du jeune étudiant qui deviendra Préfet et celui de l’esclave qui ne sait plus à quels saints (seins) se vouer, l’intrigue se suit avec plaisir. Et sans spoiler, il est clair que la fin du film donne à Agora une puissance dramatique très belle.

J’ai donc été bien surprise par ce film qui offre une photographie qui, pour une ignare comme moi, me semble assez réaliste (si tant est que cela soit possible sur une telle période) et tisse une intrigue telle celle des plus belles tragédies grecques.
Le seul bémol que j’y verrai serait pour les personnages masculins, endossés par des acteurs assez moyens, manquant d’un poil de charisme. Mais au final, cela ne fait que donner un peu plus de poids à l’histoire, ce qui est plutôt une bonne chose.

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le 8 janv. 2013

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Before-Sunrise

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